Archives du mot-clé autorités péruviennes

Pérou : l’État détruit 86 mines d’or illégales au cœur de l’Amazonie

Dans la réserve naturelle de Tambopata, les autorités péruviennes lancent une vaste opération contre l’orpaillage illégal, responsable d’un désastre écologique majeur.

Cette semaine, l’armée et la police péruvienne ont démantelé 86 sites d’extraction d’or illégaux installés au sein de la Réserve nationale Tambopata, un espace protégé de plus d’un million d’hectares situé en Amazonie. Objectif : enrayer une activité destructrice pour l’environnement et la biodiversité.

Depuis trois ans, près de 50 000 hectares de forêts ont été ravagés dans cette seule région par l’orpaillage clandestin, entraînant la déforestation, la pollution des cours d’eau et la disparition d’espèces menacées.

« L’une des pires menaces pour la planète, c’est la destruction de l’environnement. Et l’exploitation minière illégale est l’une des activités les plus nuisibles, en raison de l’utilisation de mercure et d’autres produits chimiques toxiques », déplore le colonel Cesar Sierra, qui a dirigé l’opération.

Une lutte écologique… aux conséquences sociales lourdes

Mais derrière cette lutte pour la préservation de l’Amazonie, se cache une réalité sociale brutale. L’intervention des forces de l’ordre a provoqué la fuite de centaines de mineurs, abandonnant sur place outils, machines et abris de fortune. Pour ces hommes et femmes, l’orpaillage est souvent le dernier recours économique dans une région marquée par la pauvreté et l’absence de perspectives.

« Le gouvernement ne nous donne pas de travail. Alors, on prend des risques, témoigne Lizbeth Quispe, une mineuse clandestine. Le risque d’être tuée, violée ou brûlée. Il n’y a pas de justice ici. On doit se battre pour survivre. »

Cette exploitation illégale a représenté jusqu’à 10 % de la production nationale d’or du Pérou, un pays parmi les principaux producteurs mondiaux. Sa tolérance passée vis-à-vis de ces pratiques a alimenté une économie parallèle difficile à démanteler, mêlant pauvreté, crime organisé et dévastation écologique.

Un combat qui s’annonce long

La réserve de Tambopata, classée zone protégée, est un joyau écologique reconnu pour sa biodiversité exceptionnelle. Mais la pression exercée par l’or illégal, couplée à l’inefficacité de certaines politiques publiques, continue de menacer cet équilibre fragile.

Si l’opération des autorités est saluée par les défenseurs de l’environnement, elle soulève aussi la question du manque d’alternatives économiques pour les populations locales. Sans programmes de reconversion, ces actions risquent d’alimenter un cycle de réinstallation clandestine et de conflits sociaux.