L’association a rapporté que plus de 10 000 livres ont été censurés dans plusieurs écoles publiques américaines cette année, un phénomène que Pen America relie à l’influence croissante des idées conservatrices aux États-Unis.
Le bilan est préoccupant. En l’espace d’un an, plus de 10 000 livres auraient été retirés des bibliothèques d’écoles publiques aux États-Unis, selon un rapport de l’association Pen America, qui défend la liberté d’expression et les droits des écrivains. Publiée ce lundi 23 septembre, et relayée par The Guardian ainsi que le New York Times, l’étude indique que le nombre de censures a triplé entre 2023 et 2024.
Depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, Pen America alerte sur une censure massive exercée par les écoles publiques. Des listes de livres circulent, ciblant des œuvres dont les thèmes seraient jugés dérangeants par les milieux conservateurs américains. Parmi ces ouvrages, figure en tête Gender Queer de Maia Kobabe, un récit autobiographique sur la non-binarité, connu comme étant « le livre le plus interdit du pays. »
Dès 2022, USA Today signalait un « nombre record de 2 571 titres » retirés des bibliothèques scolaires, la majorité de ces ouvrages étant « écrits par ou portant sur des personnes LGBTQ+, des Noirs, des Autochtones et des personnes de couleur ». Depuis, ces chiffres ne cessent de croître.
Selon Pen America, cette censure résulte de nouvelles lois instaurées dans certains États républicains, ciblant spécifiquement certains ouvrages. L’Iowa et la Floride en sont des exemples, où environ 8 000 livres ont été censurés entre 2023 et 2024, représentant ainsi 80 % du total des ouvrages interdits sur cette période, selon le New York Times.
Cependant, ce chiffre est nuancé par d’autres observateurs. Pen America inclut dans son décompte tous les livres retirés des bibliothèques, y compris ceux qui sont réintroduits après une « tentative d’interdiction ». Cela suggère que le nombre de livres définitivement interdits est en réalité plus faible, une méthode de comptage critiquée par certaines associations de défense de la liberté d’expression.
Selon un autre rapport, publié lui aussi ce lundi 23 septembre par l’American Library Association (ALA), le nombre de 10.000 livres censurés serait alors très largement surestimé. Plus encore, le New York Times rapporte que ce chiffre aurait, en réalité, diminué sur l’année écoulée: » 414 contestations de documents de bibliothèque, impliquant 1 128 titres uniques, du 1er janvier au 31 août 2024. Au cours de la même période de l’année précédente, il a été relevé 695 contestations impliquant 1.915 titres. »
Bien qu’elles aient des divergences, les associations Pen America et ALA s’accordent sur un point crucial : la censure dans les établissements scolaires publics est un problème urgent qui nécessite l’attention des Américains. Toutes deux prennent part à la « Semaine des livres interdits 2024 », qui se déroulera du 22 au 28 septembre, et incitent les lecteurs en Amérique du Nord à se joindre à cette initiative.