Le Ballet National de Marseille, sous la direction du collectif La Horde, a annoncé son retrait du festival Sónar 2025, prévu du 12 au 14 juin à Barcelone. Cette décision s’inscrit dans une vague croissante de boycott culturel visant les liens financiers entre le festival et le fonds d’investissement KKR, accusé d’implication dans les colonies israéliennes en territoire palestinien.
Un retrait symbolique et engagé
Dans un communiqué publié sur Instagram, La Horde a déclaré :
« Nous avons décidé de nous retirer du festival Sónar 2025 en raison de son association avec le fonds d’investissement KKR, impliqué dans des activités en lien avec les colonies israéliennes en territoire palestinien. »
Le collectif affirme que ce retrait ne vise pas l’équipe du festival elle-même, mais qu’il répond à une exigence éthique : ne pas être complice d’une situation qu’il considère comme une injustice envers le peuple palestinien.
Une vague de désistements d’artistes internationaux
Le Ballet National de Marseille n’est pas seul à se désengager. Selon El País, environ 50 artistes et collectifs ont annulé leur participation, parmi lesquels des figures majeures telles que ARCA. The Guardian évoque un chiffre dépassant les 70 artistes, incluant des noms comme Kode9 et Juliana Huxtable. Ces désistements marquent un tournant dans la mobilisation artistique contre les financements jugés controversés dans le milieu culturel européen.
Le festival Sónar est détenu par Superstruct Entertainment, une entreprise partiellement financée par KKR depuis 2018. KKR est critiqué pour ses investissements jugés indirectement liés à l’occupation israélienne en Cisjordanie.
La réponse du Sónar : entre ouverture et défense
Face à la polémique, les organisateurs du Sónar ont publié un communiqué dans lequel ils affirment condamner le génocide en Palestine et précisent ne tirer aucun bénéfice direct de KKR, assurant que tous les revenus sont réinvestis dans les éditions futures. Une section dédiée a été ajoutée au site officiel du festival pour répondre aux préoccupations du public, gérer les demandes de remboursement, et autoriser l’expression de symboles de soutien à la Palestine durant l’événement.
Une mobilisation culturelle européenne en expansion
Le retrait du Ballet National de Marseille s’inscrit dans un contexte plus large de mobilisation artistique en Europe. Au festival Pop-Kultur de Berlin, plusieurs artistes ont également annulé leur venue après que l’ambassade d’Israël en Allemagne ait été mentionnée parmi les sponsors. Lors de la Berlinale 2024, des réalisateurs ont publiquement accusé Israël de commettre un génocide à Gaza, déclenchant de vives réactions.
Un engagement politique assumé dans le champ artistique
En se retirant du Sónar, le Ballet National de Marseille illustre la montée en puissance d’un engagement politique dans le monde artistique. Ce geste symbolique s’inscrit dans une dynamique où les institutions culturelles cherchent à affirmer leur indépendance vis-à-vis d’acteurs économiques perçus comme complices de violations des droits humains. Pour de nombreux artistes, l’art ne peut plus être neutre dans un monde marqué par les conflits et les injustices.