La Lune constitue un environnement hostile, dépourvu de bouclier magnétique et soumis au bombardement des rayons cosmiques, avec des variations de température extrêmes entre le jour et la nuit.(Source : Futura-Science ).
Cependant, des colons lunaires pourraient résider dans des tunnels de lave refroidis, récemment découverts. Ces tunnels offriraient une température plus stable et un niveau de rayons cosmiques beaucoup plus bas, rendant possible des séjours prolongés pour les humains.
On espère tous que le retour d’Homo sapiens sur la Lune avec le programme Artemis ne s’arrêtera pas comme pour la mission Apollo avant l’établissement d’une base lunaire permanente sur notre satellite. Son développement pourrait d’ailleurs servir de laboratoire pour tester la technologie permettant au cours de ce siècle d’établir une colonie martienne. Toutefois, on sait qu’aussi bien pour Mars que pour la Lune, ces colonies devront, d’une façon ou d’une autre, être enterrées pour protéger les colons des rayons cosmiques issus des colères du Soleil, et même tout simplement des rayons cosmiques galactiques dont les rayonnements conduiraient au développement de cancers pour des séjours de longue durée.
Or, depuis environ 50 ans, on suspectait que plusieurs images de la surface de la Lune trahissaient l’existence de l’équivalent des tunnels de lave que nous connaissons sur Terre.
Des Pit craters terrestres et lunaires
Sur notre Planète bleue, tout commence par une coulée volcanique dont la surface au contact de l’air finit par se refroidir et durcir pendant que la lave continue de s’écouler dessous. Lorsque la source de la coulée est tarie, il reste ce que l’on appelle donc « un tube de lave ». Les parties les plus fragiles du plafond de ce tube peuvent parfois s’effondrer et laisser la place à un trou béant que les géologues appellent par exemple à Hawaï des Pit craters (cratères de fosse en français). Certains anciens tunnels de lave sont ainsi ponctués de lucarnes à intervalles réguliers. D’autres fois, c’est tout le tunnel qui s’effondre, donnant naissance à une fissure sinueuse comme on en observe par exemple sur l’île volcanique de Lanzarote, dans l’archipel des Canaries.
Sur la Lune, l’exemple le plus célèbre de tunnel effondré est peut-être la vallée de Schröter (nommée en l’honneur de l’astronome Johann Hieronymus Schröter). Découverte par Christian Huygens, une faille sinueuse large de 11 kilomètres, profonde de 1 000 mètres et qui ondule sur 160 kilomètres. Elle est observable sur la face visible avec un télescope d’amateur, par exemple un eVscope d’Unistellar.
Toutefois, les images prises par la sonde de la Nasa Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) – qui est placée sur une orbite particulièrement basse de 50 kilomètres autour de la Lune depuis 2009, ce qui lui permet d’effectuer des observations extrêmement détaillées de la surface – ont mis clairement en évidence des Pit craters dont celui de Mare Tranquillitatis. Rappelons que c’est dans cette mer lunaire que l’alunissage d’Apollo 11 s’est effectué.
Les planétologues n’étaient pas certains cependant que ces cavités avec un toit effondré soient bel et bien la manifestation d’authentiques tunnels de lave. Cela vient de changer suite au travail d’une équipe internationale de chercheurs, sous la direction de l’Université de Trente, en Italie, qui a publié un article dans Nature Astronomy à ce sujet.
Des tunnels lunaires révélés par les ondes radar
« Ces tunnels de lave sont théorisés depuis plus de 50 ans, mais c’est la première fois que nous démontrons leur existence. En 2010, dans le cadre de la mission LRO, l’instrument Miniature Radio-Frequency (Mini-RF) a acquis des données qui portaient sur le fameux Pit crater de Mare Tranquilitatis. Des années plus tard, nous avons réanalysé ces données avec des techniques complexes de traitement du signal récemment développées et nous avons découvert des réflexions d’ondes radar de la zone de la fosse qui sont mieux expliquées par une grotte souterraine qui se prolonge par un conduit. Cette découverte fournit la première preuve directe d’un tube de lave accessible sous la surface de la Lune », explique dans un communiqué Lorenzo Bruzzone, professeur à l’Université de Trente.
Le chercheur principal de l’équipe utilisant le Mini-RF, Wes Patterson, du laboratoire de physique appliquée de l’Université de Johns-Hopkins, ajoute : « Cette recherche démontre à la fois comment les données radar de la Lune peuvent être utilisées de nouvelles manières pour répondre à des questions fondamentales pour la science et l’exploration, et à quel point il est crucial de continuer à collecter des données de télédétection de la Lune. Cela inclut la mission LRO actuelle et, espérons-le, les futures missions orbitales. »