Depuis le début de l’année, plusieurs centaines de guillemots de Troïl, ainsi que des pingouins torda et des mouettes, ont été découverts sans vie ou en état de grande faiblesse.(Avec Franceinfo).
Lundi, Sea Shepherd, une ONG dédiée à la protection des océans et de la biodiversité, a rapporté avoir répertorié plus d’une centaine de carcasses d’oiseaux marins uniquement sur les plages de Vendée.
L’organisation de protection des océans Sea Shepherd a recensé plus d’une centaine de cadavres d’oiseaux marins sur les plages de Vendée ces cinq dernières semaines, a-t-elle annoncé dans un communiqué publié lundi 26 février. L’ONG affirme que son centre de soins en Bretagne a aussi récupéré de nombreux guillemots de Troïl, un oiseau de la famille des pingouins, « dénutris, épuisés et en hypothermie ». Franceinfo vous résume ce que l’on sait de ce phénomène alarmant.
« Le phénomène n’est pas limité à la Vendée et s’étend à la Bretagne et à la Manche », précise Sea Shepherd sur son site. L’ONG spécifie toutefois avoir « comptabilisé plus de 130 cadavres de guillemots sur une seule portion de plages de 120 km », en Vendée. Autre chiffre, provenant cette fois de la Ligue de la protection des oiseaux (LPO) : sur la côte ouest de l’Hexagone, les bénévoles ont signalé « près de 250 guillemots échoués ». Le phénomène semble s’être accéléré ces dernières semaines, puisque 172 oiseaux ont été décomptés depuis début février, toujours selon la LPO.
Effectuer des rondes sur les plages, comptabiliser les dépouilles, prodiguer des soins aux oiseaux marins en détresse, les relâcher, prendre des mesures d’euthanasie, effectuer des activités de prévention, et enquêter sur les causes de décès… Ce phénomène mobilise un réseau de bénévoles et la présence de spécialistes sur le terrain. Sea Shepherd mentionne des équipes en rotation sept jours sur sept, accueillant 28 guillemots dans leurs centres. Mardi, 11 d’entre eux ont été libérés.
Pour faciliter le travail des soigneurs et éviter d’aggraver la situation, la LPO énonce des directives à suivre pour les promeneurs qui constatent des oiseaux échoués. Parmi les recommandations, il est notamment conseillé de ne pas manipuler la carcasse si le guillemot est décédé. Dans le cas contraire, il est essentiel de porter des gants, de maintenir les ailes de l’oiseau près de son corps, et de cacher sa tête. Un autre conseil inclut l’isolement tranquille après avoir placé l’oiseau dans un carton.
Pour l’heure, aucune association n’est capable d’établir avec certitude les raisons de ces échouages sur les plages françaises. La LPO avance que « la grippe aviaire ne semble pas impliquée ». Elle déclare malgré tout placer les guillemots en quarantaine dans ses centres « afin d’éviter toute contamination éventuelle ». Parmi les 85 oiseaux vivants qu’elle a recueillis, elle a constaté des symptômes similaires, à savoir « une hypothermie et une maigreur inquiétante ». Même diagnostic du côté de Sea Shepherd : « Tous ont perdu plus de 25% de leur poids et sont en hypothermie avec une température à 3° de moins que leur température normale », peut-on lire dans le communiqué de lundi.
Le communiqué évoque ensuite plusieurs pistes : celle qui est la plus probable « est la raréfaction de la nourriture », due à la « surpêche, au changement climatique ou à la conjonction des deux ». Autre hypothèse : la capture, dans la mesure où « des fileyeurs de moins de 8 mètres sont tout à fait en capacité de capturer des oiseaux proches de la côte ». L’ONG tempère cependant cette seconde option, arguant que « les bateaux de plus de 8 mètres aient été arrêtés sur la période écoulée », interdits de pêche du 22 janvier au 20 février. Pour déterminer les causes de mortalité, elle affirme qu’il n’y a d’autre choix que de pratiquer des autopsies en grand nombre.
Bien que Sea Shepherd qualifie le phénomène de « sans précédent » dans son communiqué, l’Office français de la biodiversité (OFB) adopte une tonalité moins alarmiste. Dans un article de Reporterre, l’organisme public rappelle qu’un échouage bien plus important s’était produit lors de l’hiver 2014 le long de la façade atlantique, résultant d’une série de tempêtes. Entre janvier et mars 2014, plus de 40 000 oiseaux marins avaient été découverts sur les littoraux, couvrant « du département des Pyrénées-Atlantiques jusqu’à celui du Finistère », selon un rapport de la LPO (PDF).
Par ailleurs, l’association mentionne sur son site que de nombreux cadavres d’oiseaux marins ont déjà été trouvés à la fin de l’année 2023 sur les plages de la façade ouest du pays. Parmi les espèces observées à cette époque, on compte « les fous de Bassan, les océanites cul-blanc, les mouettes de Sabine et les phalaropes à bec large ». Elle précise que cette fois-ci, ce sont surtout les alcidés, notamment les guillemots de Troïl, qui sont concernés.