En Espagne, un nouvel alphabet ancien a été découvert, apportant de nouvelles connaissances sur la civilisation de Tartessos qui habitait le sud-ouest de la péninsule ibérique il y a 2 500 ans, avant de disparaître de manière mystérieuse.(Source : Çam’intéresse.fr).
Il y a 2 500 ans, dans le sud-ouest de l’actuelle Espagne, près de la frontière avec le Portugal, résidaient les Tartessos, une civilisation qui a mystérieusement disparu. Après une période de prospérité au 7e siècle avant notre ère, les Tartessiens ont connu un déclin soudain et inexpliqué. Aujourd’hui, des archéologues mènent des fouilles pour mieux comprendre cette énigme. C’est lors de ces recherches qu’un nouvel alphabet jusqu’alors inconnu a été découvert.
Les recherches menées sur le site de Casas del Turuñuelo en Espagne ont déjà permis d’approfondir nos connaissances sur les Tartessos. En 2023, des sculptures anthropomorphes de cette culture mythique ont été découvertes pour la première fois. Récemment, une tablette d’ardoise ornée de dessins géométriques et figuratifs a été analysée. Les chercheurs estiment avoir identifié de nouvelles lettres, qui bien que similaires aux autres alphabets de la péninsule ibérique, témoignent de l’importance capitale de cette civilisation florissante entre les 9e et 5e siècles avant notre ère.
Ces lettres semblent inspirées du phénicien. Les Phéniciens sont des commerçants marins, venus du Proche-Orient (région du Liban, Syrie et Palestine), qui ont débarqué sur la côte sud de la péninsule Ibérique au 10e siècle avant notre ère. Ils semblent avoir apporté avec eux de nombreuses innovations, ainsi que des plantes endémiques. Il se pourrait qu’ils aient aussi influencé l’écriture des Tartessos, dont l’histoire pourrait être étroitement liée à ce peuple.
Plus vieille que la pierre de Rosette
En fait, cette tablette a dans un premier lieu été étudiée pour les trois figures de guerriers tartessiens qu’elle représente. Les chercheurs pensent que ces croquis faisaient partie d’un dessin préparatoire utilisé par l’artiste pour peaufiner son art avant de sculpter des motifs similaires sur des pièces d’or, d’ivoire ou de bois. Mais en examinant l’objet de plus près, les spécialistes ont identifié des marques qui semblent faire partie d’un alphabet paléo-hispanique méconnu. Les images étudiées montrent clairement une séquence d’alphabet méridional : « ABeKaTuIKeLBaNS?ŚTaUE », très similaire à celle de l’alphabet espagnol standard, à l’exception du 11e signe. Les enfants Tartessos, en récitant l’alphabet, devaient donc commencer par « A Be Ka Tu »…
La tablette comporte 21 signes, mais a été partiellement brisée à sa base, et pourrait à l’origine avoir affiché jusqu’à 32 symboles, selon Joan Ferrer i Jané, informaticien et expert en langues paléo-hispaniques à l’Université de Barcelone. « Il est dommage que la dernière partie de l’alphabet ait été perdue car c’est là que les différences les plus prononcées ont tendance à se produire », a-t-il déclaré dans un communiqué. Mais d’autres preuves archéologiques laissaient déjà penser que les Tartessos avaient leur propre écriture. Cette découverte a été révélée par le gouvernement espagnol au début du mois, et les recherches se poursuivent sur le site. Pour le contexte, cette dalle date d’environ 600 avant J.-C., et aurait donc 400 ans de plus que l’emblématique pierre de Rosette égyptienne.