En Turquie, sept journalistes comparaissent ce vendredi devant la justice, accusés d’avoir participé à des rassemblements illégaux. Ces poursuites interviennent dans un contexte de vives tensions politiques, près d’un mois après l’arrestation d’Ekrem Imamoğlu, maire d’Istanbul et principal opposant au président Recep Tayyip Erdogan.
Des journalistes assimilés à des manifestants
Parmi les 189 personnes jugées à Istanbul dans deux audiences distinctes, figurent sept journalistes, dont un photographe de l’Agence France-Presse (AFP). Tous étaient présents pour couvrir les manifestations de soutien à Ekrem Imamoğlu, incarcéré fin mars dans des circonstances qui ont suscité une vive émotion nationale et internationale.
Le parquet turc les accuse de participation à un rassemblement interdit et de ne pas avoir obéi aux ordres de dispersion donnés par les forces de l’ordre. L’acte d’accusation souligne que rien ne prouverait leur présence « dans un but journalistique », malgré leur accréditation et leur expérience reconnue dans le métier.
Jusqu’à trois ans de prison requis
Les journalistes, dont cinq photographes, risquent jusqu’à trois ans de prison. Bien qu’ils aient été libérés après trois jours de détention, le 27 mars, leur procès inquiète fortement les défenseurs des libertés.
Un précédent inquiétant pour la liberté de la presse
Les organisations de défense des journalistes dénoncent un recul majeur pour la liberté d’informer en Turquie. C’est la première fois que des reporters identifiés comme tels sont poursuivis sur la base de la loi sur les rassemblements, une disposition habituellement utilisée contre les manifestants.
« C’est un signal d’intimidation envoyé à toute la presse indépendante », alerte un représentant de Reporters sans frontières. Les avocats des journalistes, eux, s’engagent à démontrer que leurs clients exerçaient simplement leur métier, dans le respect des principes du journalisme.
Un climat politique de plus en plus tendu
Depuis l’arrestation de Imamoğlu, les manifestations hebdomadaires se poursuivent à Istanbul et dans d’autres grandes villes du pays. Le maire d’opposition, populaire et charismatique, est considéré par beaucoup comme le principal rival d’Erdogan en vue des prochaines élections. Sa détention a ravivé les critiques contre un autoritarisme croissant du pouvoir en place.
Le procès des sept journalistes sera suivi de près par la communauté internationale, alors que la Turquie est déjà régulièrement pointée du doigt pour ses atteintes à la liberté de la presse.