Archives du mot-clé manifestations massives contre le président Erdogan

Turquie : manifestations massives contre le président Erdogan et le chef de l’opposition défie Erdogan d’organiser des élections en novembre

Reconduit à la tête du principal parti d’opposition en Turquie, Özgür Özel a réclamé dimanche la tenue d’élections anticipées “au plus tard en novembre”, dans un contexte de vives tensions suscitées par l’arrestation, il y a dix jours, du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu.

Le chef du principal parti de l’opposition en Turquie a appelé, dimanche 6 avril, à la tenue d’élections anticipées « au plus tard en novembre », après dix jours de contestation dans le pays déclenchés par l’arrestation du maire d’Istanbul. Lors d’un congrès exceptionnel, Özgür Özel, seul candidat à la direction du CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate), a été reconduit avec 1 171 votes sur 1 276 exprimés. « En novembre au plus tard, tu viendras affronter notre candidat. (…) Nous t’invitons à en appeler une fois de plus à la volonté du peuple, car la plus grande motion de censure de l’histoire aboutira à ceci. Nous te défions. Nous voulons notre candidat à nos côtés et notre urne devant nous », a déclaré Özgür Özel, le président du CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate) en s’adressant au président turc Recep Tayyip Erdogan, lors du congrès extraordinaire de son parti à Ankara.

« Si tu as du courage, tu viendras. Si tu le souhaites, dès la première semaine de juin, avec le calendrier le plus court. Si tu dis ‘Non, c’est trop court’, alors, au milieu de ton mandat, en novembre », a-t-il ajouté.

Qualifiant la situation de “coup d’État”, le CHP a mobilisé des dizaines de milliers de manifestants dans les rues d’Istanbul et d’autres grandes villes à travers le pays, suite à l’arrestation, le 19 mars, du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, désormais désigné comme candidat du parti à la prochaine présidentielle.

Face à cette vague de contestation sans précédent depuis 2013, les autorités multiplient les tentatives pour étouffer le mouvement. Près de 1 900 personnes, parmi lesquelles des étudiants et des journalistes, ont été arrêtées depuis le début des manifestations. Jeudi 3 avril, onze personnes interpellées pour avoir relayé des appels au boycott lancés par l’opposition ont été libérées sous contrôle judiciaire. L’une d’elles, l’acteur Cem Yigit Uzumoglu, a déclaré à sa sortie qu’il continuerait à se battre pour défendre sa liberté d’expression. Le CHP est arrivé en tête des élections municipales en mars 2024 avec 37,8 % des voix à travers le pays, remportant, en plus des métropoles comme Istanbul et Ankara qui lui étaient déjà acquises depuis 2019, des bastions de l’AKP, parti du président Recep Tayyip Erdogan.

Une manifestations massives contre le président Erdogan

Le mouvement de contestation contre le président turc prend chaque jour plus d’ampleur. Ekrem İmamoğlu, le maire d’Istanbul, reste détenu sans avoir été informé des chefs d’accusation.

En signe de solidarité, une foule massive de citoyens s’est mobilisée pour lui témoigner son soutien. Certains ont même traversé le Bosphore en bateau afin de rejoindre la rive asiatique d’Istanbul et participer aux rassemblements.

En dépit des menaces et des arrestations arbitraires, les manifestants restent déterminés à poursuivre leur mobilisation. Depuis plusieurs jours, des milliers de citoyens turcs battent le pavé pour dénoncer l’arrestation forcée d’Ekrem İmamoğlu, figure du Parti social-démocrate et adversaire politique du président Recep Tayyip Erdoğan. Celui-ci devait être officiellement désigné candidat à la prochaine élection présidentielle au moment de son interpellation.

Plus de 2 000 personnes arrêtées en une semaine, dont des journalistes

La vague de protestation au cœur de la mégalopole turque rassemble toutes les générations. “Je n’ai pas peur, je n’ai qu’une vie et je serais prête à la sacrifier pour mon pays”, confie une manifestante âgée. “Je condamne vivement tous ceux qui ne sont pas venus ici sous prétexte qu’ils sont dans la fonction publique”, avoue une jeune femme.

Selon les derniers chiffres officiels, plus de 2 000 personnes ont été arrêtées en une semaine, dont 260 ont été incarcérées. Parmi eux, plusieurs journalistes turcs dont certains ont été libérés. Plusieurs reporters étrangers ont également été pris pour cible. Reporters Sans Frontières appelle à cesser de criminaliser les journalistes et d’entraver le droit à l’information dans un pays supposé être démocratique.