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Guerre en Ukraine : Que contient le mémorandum de Moscou rejeté par Volodymyr Zelensky ?

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté mercredi 4 juin la dernière proposition de cessez-le-feu formulée par la Russie, un mémorandum présenté lors de discussions à Istanbul deux jours plus tôt. Selon le dirigeant ukrainien, ce texte constitue un “ultimatum” et ne représente en rien une base sérieuse pour des négociations de paix.

Un rejet catégorique par Kyiv

Les pourparlers du 2 juin à Istanbul, menés par le ministre ukrainien de la Défense, Rustem Umerov, et l’assistant présidentiel russe Vladimir Medinsky, ont débouché sur peu d’avancées concrètes. Selon Volodymyr Zelensky, ces discussions s’apparentaient davantage à une « performance politique » qu’à un véritable processus diplomatique. Il a estimé que Moscou utilisait ces négociations pour gagner du temps, notamment afin d’éviter de nouvelles sanctions et de donner l’illusion de bonne foi à la communauté internationale.

Le président ukrainien a qualifié le document russe de « spam » et a dénoncé une tentative de « diplomatie artificielle ». Il a également rappelé que les exigences contenues dans ce mémorandum avaient déjà été rejetées à plusieurs reprises par Kyiv et ses alliés occidentaux. Selon lui, le contenu du mémorandum n’est pas différent des premières propositions russes faites au début de l’invasion en 2022.

Zelensky a réaffirmé sa volonté de s’entretenir directement avec Vladimir Poutine, en présence éventuelle du président américain Donald Trump. Il a proposé de poursuivre les discussions dans des lieux neutres comme Istanbul, le Vatican ou la Suisse, dès le lundi suivant. Mais il a aussi prévenu que l’impasse actuelle pourrait prolonger indéfiniment le conflit.

Le mémorandum de Moscou : contenu et objectifs

Le mémorandum russe, dévoilé par l’agence Tass, fixe un ensemble de conditions que Moscou considère indispensables à un cessez-le-feu et à la signature d’un traité de paix. Ce document expose également les objectifs politiques et territoriaux poursuivis par le Kremlin.

Modalités de règlement proposées par la Russie

Parmi les principales dispositions, le texte exige :

•La reconnaissance internationale de l’annexion de la Crimée, du Donbass et de la « Novorossia » (terme hérité de l’époque impériale russe).
•La garantie des droits des russophones, avec reconnaissance du russe comme langue officielle dans les régions concernées.
•L’interdiction de toute forme de propagande liée au nazisme ou au néonazisme.
•La suppression des restrictions imposées à l’Église orthodoxe ukrainienne.
•Le statut de neutralité de l’Ukraine, excluant toute adhésion à une alliance militaire ou présence de troupes étrangères sur son sol.
•L’interdiction de toute présence ou transit d’armes nucléaires en Ukraine.
•Un plafonnement des effectifs et des équipements des forces armées ukrainiennes.
•La levée de toutes les sanctions ukrainiennes contre la Russie, avec l’engagement de ne pas en imposer de nouvelles.
•La renonciation à toute demande de réparations de guerre.
•La reprise progressive des relations diplomatiques et économiques, incluant le transit de gaz russe via l’Ukraine.

Deux options pour un cessez-le-feu

Le mémorandum offre à l’Ukraine deux scénarios alternatifs pour une cessation des hostilités.

Option 1 :

•Retrait total des troupes ukrainiennes des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia.
•Instauration d’un cessez-le-feu de 30 jours à partir du début du retrait.
•Retrait complet à réaliser dans ce délai de 30 jours.

Option 2 :

•Interdiction de redéploiement des forces ukrainiennes, sauf pour les retraits convenus.
•Suspension des livraisons d’armes et de renseignements par les pays occidentaux.
•Aucune présence militaire étrangère en Ukraine.
•Fin de la loi martiale et début d’une démobilisation générale.
•Mise en place d’un centre bilatéral de contrôle du cessez-le-feu.
•Dissolution des formations nationalistes ukrainiennes.
•Amnistie des prisonniers politiques et libération des civils et militaires capturés.

Conditions pour un traité de paix

La Russie propose que le processus de paix soit structuré de la manière suivante :
•Signature d’un mémorandum de cessez-le-feu, avec dates précises pour l’application des mesures.
•Transfert par la Russie de 6 000 corps de soldats ukrainiens.
•Instauration d’un cessez-le-feu de 30 jours.
•Organisation d’élections présidentielles et législatives en Ukraine dans les 100 jours suivant la levée de la loi martiale.
•Signature d’un traité final de paix, approuvé par une résolution juridiquement contraignante du Conseil de sécurité des Nations unies.

Des exigences jugées inacceptables par Kyiv

Pour l’Ukraine, plusieurs points du mémorandum sont considérés comme contraires à la souveraineté nationale. En particulier, la reconnaissance des territoires annexés et la limitation de ses capacités militaires sont jugées inacceptables. De plus, Kyiv considère que certaines exigences, comme la reconnaissance de la « Novorossia » ou la neutralisation militaire, visent à instaurer une tutelle russe durable sur le pays.

Les négociations à Istanbul ont néanmoins permis un échange de prisonniers et la restitution de corps de soldats morts, mais sans progrès réel sur les questions centrales du conflit.

En claire

Le rejet du mémorandum par Volodymyr Zelensky illustre la profondeur des divergences entre Moscou et Kyiv. Tandis que la Russie présente des conditions de paix très contraignantes, l’Ukraine y voit un moyen déguisé d’imposer une capitulation. À ce stade, aucun terrain d’entente ne semble exister, laissant présager la poursuite du conflit.