La radio RTL annonce, mercredi 4 juin, le décès de celui qui a été l’un de ses dirigeants historiques. Né le 27 août 1936 à Montauban, l’écrivain Philippe Labro meurt à l’âge de 88 ans d’un cancer selon Paris Match.( Avec : AFP).
Fils d’un conseiller juridique, Philippe Labro est le troisième de quatre enfants. Après son bac, il part à l’âge de 18 ans aux États-Unis, où il intègre une université en Virginie. Il en gardera une passion pour ce pays, qui nourrira ses écrits et ses films.
De retour en France, il commence sa carrière comme reporter à Europe 1 (1957), grand reporter à Marie-France (1958-59), puis à France-Soir à partir de 1959. Il est parallèlement collaborateur du magazine télévisé « Cinq colonnes à la Une » (1960-64).
Producteur pour la deuxième chaîne (1964-68), puis journaliste indépendant de 1968 à 1976, il entre alors à RTL, où il devient rédacteur en chef et présentateur du journal de 13 heures. Il est également présentateur du journal de la mi-journée d’Antenne 2 en 1981-82. Il devient ensuite patron de radio. En 1985, il est nommé directeur général des programmes de RTL, puis vice-président en 1992, vice-président directeur général d’Ediradio-RTL en 1996 et vice-président du conseil d’administration en 2000.
Il traverse une dépression au tournant des années 2000, qu’il racontera dans son livre « Tomber sept fois, se relever huit » (2003).
Un homme audacieux
Après quinze ans à la tête de RTL, il quitte la station et présente sur France 3 « Ombre et lumière » et « Légende », deux émissions de portraits de personnalités. Il lance ensuite en 2005, avec Vincent Bolloré, la chaîne Direct 8, devenue C8. Il y a présenté jusqu’à la fin de l’antenne en mars 2025 « L’Essentiel », une émission culturelle.
Parallèlement à son travail de journaliste, Philippe Labro a mené une carrière prolifique d’écrivain. Il est l’auteur d’une vingtaine de livres. Après « Un Américain peu tranquille » (1959) et « Des Feux mal éteints » (1967), un roman autobiographique remarqué sur la guerre d’Algérie, il publie « L’Étudiant étranger » qui remporte un grand succès commercial et obtient le prix Interallié 1986. Il y raconte le choc de sa découverte de l’Amérique, mêlant fiction et souvenirs.
La réussite se répètera notamment avec « Quinze ans » (1992), récit d’un garçon qui grandit dans le Paris des années 1950, puis avec « Un début à Paris » (1994) qui raconte son apprentissage de journaliste. Suivront « La Traversée » (1996), « Manuella » (1999) ou encore « Franz et Clara » (2006) et « 7.500 signes » (2010).
« C’est parce que le strict exercice du journalisme ne me suffisait pas que, très tôt, je me suis aventuré sur le chemin du roman », dit-il dans « 7.500 signes », qui rassemble des articles qu’il a écrits. Il a exploré aussi d’autres formes de récit. À la fin des années 1960, il se lance dans le cinéma et réalise sept longs-métrages, inspirés par le polar à l’américaine. Parmi eux, « Tout peut arriver » (1969), « Sans mobile apparent » (1971), « L’Héritier » (1972), « La Crime » (1983) ou « Rive droite, rive gauche » (1984).
Marié à la journaliste Françoise Labro et père de quatre enfants, il a aussi été parolier de chansons, notamment pour Johnny Hallyday (« Oh ! Ma jolie Sarah », « Mon Amérique à moi »), à qui il avait rendu un vibrant hommage lors de ses obsèques.
Une émotion particulière pour RTL
« C’est une immense figure de RTL qui disparaît et notre maison, ce matin, est traversée par une très grande émotion », a déclaré à l’antenne Hervé Beroud, directeur de l’information du groupe M6-RTL.
« Philippe Labro a été pendant quinze ans consécutifs le patron de RTL aux côtés de Jacques Rigaud. Il en a été le directeur des programmes – c’était un homme de programmes, de contenus avant tout – et il en a été aussi le vice-président aux côtés de Jacques Rigaud », a-t-il précisé, saluant les « grandes années » de RTL entre 1985 et 2000, pendant lesquelles cet homme de médias a « porté » la radio.