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Australie : Pékin s’oppose à la volonté de Canberra de reprendre le contrôle du port stratégique de Darwin

La tension monte entre l’Australie et la Chine autour du contrôle du port stratégique de Darwin, concédé en 2015 pour 99 ans à une filiale d’un groupe chinois proche du Parti communiste. Alors que le gouvernement australien semble vouloir reprendre la main sur cette infrastructure clé, Pékin hausse le ton et conteste ouvertement cette intention.

Un port stratégique aux mains d’un proche de Pékin

En 2015, dans un contexte de crise budgétaire, le gouvernement du Territoire du Nord australien avait cédé la gestion du port en eaux profondes de Darwin à Landbridge Industry Australia, une filiale du Shandong Landbridge Group, dirigée par Ye Cheng, milliardaire chinois considéré comme l’un des principaux promoteurs du développement de la défense nationale en Chine.
La concession, d’une durée de 99 ans, avait rapporté 506 millions de dollars australiens, rapidement dépensés. Cette décision avait été prise malgré les réserves du ministère australien de la Défense, inquiet des risques stratégiques et sécuritaires liés à une telle dépendance envers une puissance étrangère.

« C’est comme si on avait loué ce port aux Japonais en 1938 », avait alerté Neil James, directeur exécutif de l’Australian Defence Association, dès 2019.

Darwin est un point névralgique pour les opérations de la Royal Australian Navy (RAN) et de l’US Navy, et abrite des installations militaires et de renseignement sensibles, utilisées conjointement par l’Australie et les États-Unis.

Canberra veut récupérer le port, Pékin s’indigne

Sous la pression politique et géostratégique, le gouvernement d’Anthony Albanese envisage désormais de mettre fin prématurément au bail. Si les modalités restent floues, la volonté de Canberra est claire : reprendre le contrôle d’un actif jugé critique dans le contexte actuel de rivalité sino-occidentale.

Mais la Chine ne l’entend pas de cette oreille. L’ambassadeur chinois en Australie, Xiao Qian, a vivement réagi dans une tribune publique, dénonçant un revirement injustifié :

« Le groupe Landbridge a remporté le contrat à l’issue d’un appel d’offres ouvert, transparent et conforme aux lois australiennes. […] Depuis dix ans, il a investi massivement dans le développement du port de Darwin et contribué au développement local. »

Le diplomate a également mis en cause la logique éthique du projet australien :

« Il est moralement discutable de louer un port non rentable, puis de chercher à le récupérer une fois qu’il devient prospère. »

Un dilemme stratégique pour Canberra

Alors que l’OTAN alerte sur les investissements chinois dans les infrastructures critiques, notamment en Europe — comme en témoigne l’entrée du groupe COSCO dans le port de Hambourg en Allemagne —, l’Australie se retrouve face à un dilemme stratégique : respecter un contrat controversé ou s’en dégager au nom de la sécurité nationale.

L’hypothèse d’un nouveau port concurrent à proximité de Darwin avait un temps été évoquée, mais aucun projet concret n’a vu le jour.

Pour l’heure, le gouvernement australien reste silencieux face aux déclarations de l’ambassadeur chinois. Mais dans un contexte régional tendu, marqué par la montée en puissance militaire de Pékin, le port de Darwin symbolise bien plus qu’un simple terminal maritime : il incarne l’enjeu de la souveraineté et du contrôle stratégique des alliances dans l’Indo-Pacifique.