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Corée du Nord : Pyongyang informe l’ONU de nouveaux travaux dans la zone démilitarisée

La Corée du Nord a officiellement informé le Commandement des Nations unies (UNC), dirigé par les États-Unis, de son intention de reprendre des travaux de fortification à l’intérieur de la zone démilitarisée (DMZ) séparant les deux Corées. Une annonce inhabituelle qui suscite autant d’inquiétudes que de spéculations sur les intentions réelles de Pyongyang.

C’est le quotidien sud-coréen Dong-A Ilbo qui a révélé en premier cette communication rare de l’armée nord-coréenne à l’UNC, datant de mercredi dernier. Le régime de Kim Jong-un a indiqué qu’il s’apprêtait à ériger de nouvelles barrières et à réinstaller des grillages barbelés le long de la Ligne de démarcation militaire (MDL), dans la portion nord de la DMZ. Ces constructions reprendraient les installations entamées l’année dernière, qui avaient été temporairement interrompues durant l’hiver.

Un porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense a confirmé cette information ce lundi. De son côté, un responsable de l’UNC a refusé tout commentaire sur les échanges avec l’armée nord-coréenne.

Une reprise des fortifications militaires

Pyongyang avait déjà entamé des travaux similaires en avril 2023, mobilisant plusieurs milliers de soldats pour renforcer les grillages, ériger des murailles antitanks et densifier la militarisation de la ligne de front. Après une pause hivernale, les activités avaient repris au printemps, et viennent de redémarrer à la fin de la semaine dernière.

L’armée sud-coréenne a observé la présence d’environ 1 000 personnes réparties sur cinq à six sites, un chiffre inférieur aux 5 000 mobilisés l’an passé sur une dizaine d’emplacements. Ces mouvements font l’objet d’une surveillance renforcée par Séoul.

« Notre armée surveille de près les activités militaires nord-coréennes et répondra conformément aux principes en cas de violation de la MDL », a averti le colonel Lee Sung-jun, porte-parole du Comité des chefs d’état-major interarmées sud-coréen (JCS).

Une notification inédite, aux allures de message politique

Le fait que la Corée du Nord ait cette fois notifié l’UNC constitue une première, alors que des épisodes précédents de franchissements accidentels de la MDL avaient déjà provoqué des tirs de semonce sud-coréens. Pyongyang n’avait, jusqu’ici, jamais pris la peine de prévenir de ses actions sur cette ligne de tension, à l’exception notable d’octobre dernier lorsqu’il avait détruit certaines infrastructures routières et ferroviaires reliant les deux pays.

Cette démarche soulève des interrogations : s’agit-il d’une simple manœuvre tactique ou d’un signal politique ? Depuis fin 2023, Kim Jong-un a clairement affirmé vouloir traiter la Corée du Sud comme un “État hostile”, rompant avec la doctrine du rapprochement intercoréen. Pourtant, cette notification formelle pourrait aussi être interprétée comme un geste d’ouverture, notamment en direction du nouveau président sud-coréen Lee Jae-myung, arrivé au pouvoir début juin avec une volonté affichée de détente et de dialogue.

Vers un apaisement ou une nouvelle escalade ?

Du côté sud-coréen, la prudence reste de mise. Le ministère de la Défense a reconnu qu’il était difficile d’interpréter clairement les intentions nord-coréennes, mais a aussi souligné que ce message pouvait constituer un signal significatif en faveur d’un éventuel réchauffement des relations.

L’UNC a rappelé, pour sa part, que la notification préalable de telles activités dans la DMZ permet généralement de réduire les risques de malentendus et de désescalade accidentelle.

Dans un contexte où la péninsule coréenne reste l’un des foyers de tension les plus explosifs de la planète, ce geste nord-coréen, bien que modeste, pourrait marquer un point d’inflexion dans la dynamique intercoréenne — à condition qu’il soit suivi d’initiatives concrètes.