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Décès de Jackie Berger : la voix mythique du doublage francophone s’éteint à 77 ans

Comédienne belge discrète mais incontournable, Jackie Berger s’est éteinte le 15 octobre 2025 à l’âge de 77 ans. Elle laisse derrière elle une empreinte durable dans la mémoire sonore de la francophonie, elle qui fut la voix d’Esteban dans Les Mystérieuses Cités d’or, de Krilin dans Dragon Ball ou encore du petit Danny Torrance dans Shining.

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Née à Bruxelles le 22 août 1948, Jackie Berger s’est imposée dans un domaine souvent méconnu : le doublage. Très tôt, elle se spécialise dans les voix d’enfants et de jeunes garçons un registre délicat, exigeant, où l’émotion doit s’exprimer sans outrance. À travers cette maîtrise, elle a offert au public francophone une galerie de personnages inoubliables.

Esteban, Jeanne Hazuki, Arnold Jackson, Rémi ou encore Krilin : tous portent un peu de son timbre unique. Pour plusieurs générations, notamment celles du Club Dorothée, sa voix fut le fil sonore de l’enfance, cette tonalité rassurante qui accompagnait les après-midi devant le petit écran.

À la différence du comédien de scène, l’acteur de doublage travaille dans l’ombre : il prête sa voix sans prêter son visage. Jackie Berger l’avait compris ; elle en avait fait un métier d’orfèvre, fondé sur l’écoute, la précision et le respect de l’œuvre originale.

Dans les studios parisiens, sa réputation de perfectionniste était connue : diction impeccable, sens du rythme, justesse émotionnelle. Elle ne se contentait pas de traduire ; elle interprétait dans une autre langue, faisant de la voix un instrument de fidélité culturelle.

Sa contribution illustre le rôle crucial du doublage dans la circulation des œuvres : grâce à des artistes comme elle, des millions d’enfants francophones ont pu s’approprier des productions venues du Japon, des États-Unis d’Amérique ou d’ailleurs, sans que la magie du récit se perde.

La nouvelle de sa mort, annoncée par sa fille Justine sur les réseaux sociaux, a suscité une vague d’émotion. Une cérémonie privée se tiendra le 21 octobre dans le sud de la France. Aucune cause de décès n’a été rendue publique.

Sur les plateformes dédiées au cinéma et à la télévision, les hommages se multiplient : collègues, réalisateurs et fans évoquent une professionnelle humble, dévouée, qui « n’élevait jamais la voix, sauf pour donner vie à celles des autres ».

Jackie Berger laisse derrière elle non seulement une œuvre considérable, mais aussi une filiation : sa fille, Justine Berger, poursuit le métier de comédienne. Cette continuité familiale symbolise la transmission d’un savoir-faire artistique que les nouvelles générations devront préserver.

Le décès de Jackie Berger rappelle également la fragilité de ce patrimoine vocal : les enregistrements de doublage constituent une mémoire sonore collective qu’il conviendrait de mieux conserver et d’honorer comme un élément à part entière du patrimoine culturel francophone.

Dans une époque où l’intelligence artificielle menace de reproduire mécaniquement des voix humaines, le parcours de Jackie Berger rappelle l’essence du métier : la voix humaine, porteuse d’intention et d’émotion, ne se remplace pas.

Chaque inflexion, chaque respiration, chaque tremblement d’intonation portait en elle un fragment d’humanité. Et c’est peut-être cela, le véritable héritage de Jackie Berger : avoir prouvé qu’une voix peut, à elle seule, incarner la sincérité d’un personnage et la mémoire d’une époque.

La Boussole-infos salue la mémoire d’une artiste dont le travail, invisible mais essentiel, a façonné la culture populaire francophone.

Celine Dou

Julian McMahon, mort d’un homme libre : quand l’industrie du divertissement perd l’un de ses visages ambigus

Décédé à l’âge de 56 ans, l’acteur australo-états-unien s’était imposé dans les années 2000 comme un symbole des fictions télévisées de transition. Sa disparition éclaire, en creux, une époque marquée par la tension entre séduction, violence et quête d’identité.

Julian McMahon est mort le 2 juillet 2025 à Clearwater, en Floride, à l’âge de 56 ans, des suites d’un cancer qu’il avait choisi de combattre dans la discrétion. L’information, confirmée par son épouse Kelly McMahon, a suscité une pluie d’hommages dans les milieux du cinéma et de la télévision. Mais au-delà de l’émotion, le parcours de cet acteur discret interroge la manière dont le petit écran a mis en scène, pendant plus de deux décennies, des figures masculines troubles, ambivalentes, et profondément modernes.

Né à Sydney le 27 juillet 1968, Julian Dana William McMahon est le fils de Sir William McMahon, éphémère Premier ministre australien au début des années 1970. L’héritage politique, cependant, ne sera pas le sien. Très tôt, Julian McMahon choisit la voie du mannequinat, avant de s’orienter vers la comédie, d’abord dans les séries australiennes, puis aux États-Unis, où il s’installe durablement au tournant des années 1990.

C’est dans des rôles de plus en plus marquants qu’il se forge une notoriété : Profiler, Another World, puis surtout Charmed (où il incarne Cole Turner, mi-homme mi-démon, entre 2000 et 2005), et Nip/Tuck, série médicale corrosive dans laquelle il campe le chirurgien Christian Troy. Ce dernier rôle, salué par une nomination aux Golden Globes, impose son visage comme l’un des emblèmes d’une télévision postmoderne, en quête de récits sulfureux et de protagonistes tiraillés entre pulsion et rédemption.

Loin du héros linéaire, McMahon a souvent incarné des hommes en conflit avec eux-mêmes, séduisants mais instables, volontaires mais insaisissables. Une posture qui épouse celle des années 2000 : époque de remise en cause des figures d’autorité classiques, mais aussi de fascination pour le chaos intérieur. En incarnant tour à tour des êtres démoniaques, des esthètes cyniques ou des puissants ambivalents (Doctor Doom dans Fantastic Four, 2005 et 2007), il devient sans le dire un révélateur : celui des contradictions de l’Occident en quête de repères après la fin du XXe siècle.

Cette tension est encore visible dans ses choix récents : Marvel’s Runaways, FBI: Most Wanted, ou The Residence, série Netflix dans laquelle il interprète ironie du sort un Premier ministre australien, comme en écho tardif à ses origines familiales.

Sa dernière apparition publique, en mars 2025 au festival SXSW pour présenter le film The Surfer aux côtés de Nicolas Cage, n’avait rien d’un adieu. On y voyait un homme amaigri mais énergique, habité par son rôle et toujours proche de ses partenaires. C’est peut-être là le paradoxe Julian McMahon : une star sans tapage, un acteur populaire resté en marge des grands circuits hollywoodiens, préférant les séries aux blockbusters, les personnages tordus aux archétypes.

Le fait qu’il ait choisi de mener sa lutte contre le cancer dans l’intimité n’étonne guère. Son épouse a simplement évoqué « un effort courageux pour vaincre la maladie », sans chercher à médiatiser l’épreuve. À l’heure où l’exposition médiatique est souvent érigée en preuve d’authenticité, McMahon aura préféré le retrait, la pudeur, la trace laissée dans les mémoires plus que les plateaux de talk-shows.

Les réactions de ses anciens partenaires de jeu ont été à la mesure de l’homme : sobres, mais sincères. Alyssa Milano (Charmed) a salué « son intelligence tranquille et sa présence singulière », Holly Marie Combs a évoqué « un collègue toujours à l’écoute, même dans les scènes les plus dures », tandis que Nicolas Cage a souligné « son intensité calme et son art du doute ».

Au fond, Julian McMahon aura incarné un pan entier de la culture télévisuelle mondiale, celle qui, à la charnière des XXe et XXIe siècles, ne savait plus très bien qui étaient les héros, et où les monstres portaient parfois costume trois-pièces.

Julian McMahon laisse derrière lui un vide discret, à l’image de son parcours. Ni géant du box-office, ni révolutionnaire de la scène, il fut ce que l’époque avait de plus troublant à offrir : un homme en mouvement, libre, jamais tout à fait là où on l’attendait.

Loretta Swit, icône de la télévision états-unienne pour les séries « M.A.S.H. » et « Cagney & Lacey », également militante infatigable, s’éteint à 87 ans

Loretta Swit, l’actrice états-unienne mondialement connue pour son rôle de la Major Margaret « Hot Lips » Houlihan dans la série télévisée MASH, est décédée le 30 mai 2025 à son domicile de New York, à l’âge de 87 ans, de causes naturelles.

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