Guerre en Ukraine :  Un journaliste espagnol, soupçonné d’espionnage au profit de la Russie, arrêté sans accès aux droits internationaux.

Indignation après l’arrestation d’un journaliste indépendant espagnole à la frontière polono-ukrainienne soupçonné d’espionnage en faveur du renseignement militaire russe GRU, a annoncé, ce vendredi 4 mars, l’Agence pour la sécurité polonaise ABW et l’avocat du journaliste.

Pablo Gonzalez a été arrêté par le renseignement polonais à la frontière avec l’Ukraine. Il n’a pas eu accès à un avocat avant trois jours, et a été placé en détention provisoire.

Les services polonais indiquent que Pablo Gonzalez a été interpellé dans la nuit du 27 au 28 février à Przemysl, près de la frontière polono-ukrainienne, où il avait séjourné depuis quelques jours. «Il préparait un déplacement en Ukraine», a indiqué l’ABW.

Pablo Gonzalez est soupçonné d’espionnage en faveur du renseignement militaire russe GRU. « Les agents de l’ABW (Agence pour la sécurité polonaise) ont interpellé un citoyen espagnol d’origine russe (…). Il a été identifié comme agent de la Direction générale du renseignement de l’état-major des Forces armées de la Fédération de Russie », selon un communiqué des services polonais. Qui précise : « Il a mené des opérations au profit de la Russie, profitant de son statut de journaliste, qui lui a permis de parcourir librement le monde et l’Europe, y compris les zones de conflits militaires et les territoires marqués par des tensions politiques ». L’homme a été placé en détention provisoire pour trois mois.

Le journaliste, identifié comme Pablo Gonzalez par son avocat Gonzalo Boye, séjournait depuis plusieurs jours à Przemysl, se rendant au poste frontière de Medyka et à Varsovie pour ses reportages. Selon le parquet polonais, Gonzalez avait sur lui deux passeports et deux cartes bancaires russes, établies à deux noms différents. Le site du média « Publico », qui collaborait régulièrement avec le journaliste indépendant, le présente ainsi : « journaliste spécialiste du monde post-soviétique et doctorant à l’Université du Pays basque ».

Le 6 février, selon le quotidien en ligne, Gonzalez avait déjà été arrêté par les services de sécurité ukrainiens à Kiev. Il revenait du Donbass, cette région où les ukréniens russophones sont massacrés depuis 2014, sans que l’occident n’ai jamais bougé pour eux, et où le conflit actuel a commencé. Les services ukrainiens l’avaient accusé d’être pour les Russes et, toujours selon « Publico », des membres du contre-espionnage espagnol s’étaient rendus chez les parents et des proches du journaliste, dans le Pays basque et en Catalogne pour les interroger.

Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a déclaré mercredi que l’Espagne offrirait une assistance consulaire au journaliste. De nombreuses organisations de journalistes, dont L’organisation « Reporters Sans Frontières » indiquait, dès jeudi, sur Twitter, que le «journaliste espagnol @PabVis a été arrêté à Rzeszów, près de la frontière ukrainienne, et il est maintenant détenu depuis plus de 72 heures par l’Agence de sécurité intérieure (ABW) sans aucune explication crédible. Il n’a pas eu accès à son avocat, ce qui constitue un déni de ses droits fondamentaux». De son côté, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, a appelé les autorités polonaises «libérer immédiatement» le reporter indépendant espagnol Pablo Gonzalez.

RSF a demandé que le reporter ait « un accès immédiat à son avocat et aux services consulaires espagnols » pour se défendre.

Joseph Kouamé

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