Yoon Suk-yeol, un ancien procureur général novice en politique, a été élu, ce jeudi 10 mars, président de Corée du Sud, battant de justesse le candidat du parti de centre-gauche au pouvoir.
Au terme d’une élection présidentielle polarisée à l’extrême, le conservateur sud-coréen, Yoon Seok-yeol a été élu président du pays ce jeudi 10 mars 2022, en battant de justesse le candidat du parti démocratique.
Le conservateur Yoon Seok-yeol est désormais le nouveau président de la République sud-coréenne. Selon les résultats du scrutin publiés par l’agence de presse Yonhap, c’est Yoon Seok-yeol, candidat au Parti du pouvoir au peuple (PPP), la principale formation de l’opposition de droite en Corée du Sud, qui l’a emporté avec 48,59% des voix contre 47,79% pour son rival du Parti démocratique Lee Jae-myung.
L’élection présidentielle sud-coréenne ne comporte qu’un seul tour, ce qui montre que l’ancien Procureur général novice en politique est déclaré vainqueur de la présidentielle de ce mercredi. « Ceci est la victoire du grand peuple sud-coréen », a lancé Yoon Seok-yeol devant ses partisans en liesse, rassemblés à l’aube dans l’Assemblée nationale.
Lee Jae-myung, adversaire de Yoon Seok-yeol et candidat du Parti démocratique a reconnu sa défaite. « J’ai fait de mon mieux, mais je n’ai pas été à la hauteur des attentes », a-t-il déclaré à ses partisans, avant d’ajouter : « Ce n’est ni votre défaite, ni celle du Parti démocratique. Toute la responsabilité retombe exclusivement sur moi ».
Le scrutin s’est déroulé dans un contexte marqué par les scandales, les agressions verbales et la pauvreté du débat d’idées entre les deux favoris, aussi impopulaires l’un que l’autre. Malgré ce climat qui a plané lors des campagnes, le taux de participation à l’élection de mercredi s’est élevé à 77,1%, confirmant le vif intérêt des électeurs.
Sa victoire sur le fil marque un retour en grâce spectaculaire pour le PPP, durement affecté en 2017 par la destitution puis l’incarcération pour abus de pouvoir de la présidente Park Gung-hye, qui appartenait à cette formation.
Paradoxalement, Yoon Suk-yeol, alors procureur à Séoul, avait joué un rôle clé dans l’enquête qui avait abouti à la chute de l’ex-présidente.
Selon les analystes, le résultat de la présidentielle de mercredi pourrait relancer ce que les médias ont baptisé le « cycle de la vengeance », une caractéristique de l’extrême polarisation de la vie politique dans ce pays de 52 millions d’habitants, où tous les ex-présidents sud-coréens encore en vie ont fait de la prison pour corruption au terme de leur mandat.
Yoon Suk-yeol, 61 ans, succédera pour cinq ans, en mai prochain, au président sortant Moon Jae-in, qui ne pouvait se représenter. Et il a d’ores-et-déjà promis d’ordonner une enquête sur son prédécesseur – qui l’avait nommé procureur général au début de son mandat – sans préciser pour quels motifs.
Complètement novice en politique, Yoon Suk-yeol avait été choisi en juin 2021 pour représenter le PPP, la principale formation d’opposition de droite. Il a fait campagne en proposant un assouplissement du droit du travail, visant notamment le salaire minimum et le temps de travail maximum. Il s’est aussi fait remarquer par des louanges à l’ex-dictateur sud-coréen Chun Doo-hwan.
Antiféministe assumé, il a notamment nié l’existence des discriminations systématiques et amplement prouvées, dont souffrent les femmes en Corée du Sud. Il a aussi promis d’abolir le ministère de l’Égalité hommes-femmes, dont les missions consistent notamment à lutter contre la violence domestique et le trafic d’êtres humains.
Joseph Kouamé