A l’occasion du deuxième jour de compétition du Festival International des Films de Femmes de Créteil 2022, deux films étaient projetés, dont « La ragazza ha volato », de la réalisatrice italienne Wilma Labate, et clôturait cette journée du 12 mars.
Les « explicits » (conclusion d’une œuvre, en latin – ndlr)) des films en compétition de cette 44ème édition du Festival International des Films de Femmes, clôturant chaque journée, marquent particulièrement le public présent à cette édition 2022 du festival cristolien. En effet, alors que la conclusion du film « Glasshouse », qui faisait l’ouverture cette année, était encore le sujet d’un grand nombre de conversations dans l’enceinte de la Maison des Arts et Métiers, entre festivaliers, pour la surprise, bien accueillie, qu’il propose au spectateur, nous avons pu constater une majorité d’échanges très critiques sur le film « La ragazza ha volato », et tout particulièrement sur sa fin.
Il n’est pas possible de parler du pourquoi de cet accueil pour « La ragazza ha volato » sans devoir divulgâcher l’intrigue de base et sa conclusion. Mais, l’avantage à le faire, c’est que, pour les féministes les plus ultras, elles sauront déjà que ce ne sera pas la peine de chercher à le voir. Pour les autres, cela n’empêchera pas de découvrir l’ensemble du récit du film, qui ne se résume pas, juste à son thème central.
Le thème central de « La ragazza ha volato » raconte l’histoire d’une adolescente de 16 ans qui se fait violer et se retrouve enceinte à cause de ce viol. Et, sa conclusion étant qu’elle décide de garder l’enfant et se met à travailler à l’usine, est ce qui n’est absolument pas passé pour une si grande part du public. Ne ne furent que propos très durs que nous avons entendu de la part de toutes les spectatrices, à l’issue de la projection et qui donnait le sentiment de n’avoir, autour de nous, qu’un public de femmes ultras féministes, de ce genre pour lequel, le fameux « Mon corps mon choix » ne signifie que « Ton corps, ton avortement obligatoire ».
L’incompréhension le disputait d’autant plus à la colère de ce public que le film a été réalisé par une femme, à savoir la réalisatrice italienne Wilma Labate, dont c’est le onzième film depuis 1990 (fims documentaires inclus), elle qui fut, entre autre, l’assistante d’Ettore Scola. Les commentaires les plus misandres allaient jusqu’à quelques « c’est un film de mec », expliquant qu’une femme « digne de ce nom », ne peut pas traiter de la grossesse en cas de viol sans le conclure par, forcément », un avortement, quand on prétend dire que l’on a voulu donner une fin positive à son histoire.
Alors, étant donné que la gent masculine a, toujours actuellement, cette trop fâcheuse tendance à ne pas se considérer concernée par cette problématique du dilemme (car cela, dans un monde non manichéen, ne peut être qu’un dilemme et non pas une cause entendu comme le non-choix obligatoire de garder l’enfant ou d’avorter, selon l’idéologie qui s’exprime) qu’est la grossesse suite à un viol et, même, de manière générale, à la question de l’avortement, quelle qu’en soit la raison (l’excellent et puissant film d’Audrey Diwan, « L’événement », sorti fin 2021 dans les salles françaises, et son très petit nombre d’entrées salles en France, dont notre enquête personnelle a pu conclure que le pourcentage d’hommes à avoir été voir le film n’atteint même pas 10%), nous en venons à nous demander si ce serait vraiment bien avisé de sortir « La ragazza ha volato » dans les salles françaises.
Christian Estevez