En convoyage retour vers la France, le trimaran de Philippe Poupon, qui doit participer à la prochaine Route du Rhum, a été attaqué, jeudi, par des pirates, au large du Yémen.
Récupéré par Philippe Poupon dans le but de participer à la prochaine Route du Rhum – Destination Guadeloupe, dont le départ sera le 6 novembre 2022 de Saint-Malo, le trimaran Lakota était en convoyage retour vers la France, en vue de participer au prochain parcours « Route du Rhum » – Destination Guadeloupe, au départ de Saint-Malo le 6 novembre 2022.
Grosse frayeur pour trois marins lors d’un convoyage au long cours. Parti des Philippines en direction de la Méditerranée sur l’ancien trimaran Pierre 1er de Florence Arthaud, avec lequel Philippe Poupon participera à la prochaine Route du Rhum, l’équipage a été attaqué par des pirates au large du Yémen. Traqué par deux embarcations rapides, il a d’abord vu un individu monter à bord avec une kalachnikov.
Le trimaran de 60 pieds (soit 18,288 mètres – ndlr) était auparavant localisé aux Philippines, d’où il est parti il y a plusieurs semaines avec trois équipiers à son bord : un armateur, un marin philippin qui travaillait déjà pour l’ancien propriétaire, et un autre skipper. L’objectif est un ferry multicoque vers la Méditerranée, dont Philippe Poupon compte le restaurer avant de se qualifier pour la Route du Rhum.
Sous le regard de Maurice Uguen, Marine et MICA.
Après avoir quitté Djibouti, où il a été contraint de faire une escale technique d’une semaine en raison d’un problème de moteur, comme l’a expliqué Didier Ravon dans le magazine « Voiles & Voilers », l’équipe du trimaran fera ce jeudi le trajet entre l’Erythrée et le Yémen. . Zone connue pour être très dangereuse pour la piraterie, les hommes à bord ont donc volontairement choisi de ne pas activer l’AIS, une balise qui permet de connaître la position, la vitesse et la direction du bateau.
Maurice Uguen, navigateur, complice et routeur de Philou Poupon depuis de nombreuses années, surveille et coordonne le rapatriement du bateau depuis l’Aber Wrac. “Philou m’a demandé de réorganiser toute la logistique autour du trimaran, et j’ai l’habitude de ce type d’expédition et d’acheminement”, raconte-t-il.
Maurice Uguen suit donc la progression du bateau depuis sa maison des Abers, et est en contact quotidien avec la Marine Nationale et le MICA de Brest (NDLR : le Centre d’Information et de Coopération en Information Maritime est un centre français d’expertise en sécurité maritime mondiale) qui assure la sécurité de cet espace maritime. “J’avais déjà contacté la Marine française et le MICA avant que le bateau ne quitte les Philippines. Nous avions discuté avec le commandant du Mica, le capitaine de frégate Eric Chaslin, de tout ce qui était possible sur une telle traversée. Entre 9 heures j’ai un briefing avec la Marine de Brest sur la route du bateau.
Kalachnikov et lance-roquettes.
Ce jeudi 19 mai, Maurice Uguen vient d’informer la Marine et le MICA de la dernière position du bateau le long des côtes yéménites : tout va bien, même si le trimaran est un peu trop décalé à son goût. Une heure plus tard, son téléphone sonne : un des membres de l’équipage l’informe qu’un pirate est à bord.
Maurice Uguen prévient aussitôt les autorités navales de Brest, annonçant qu’il y a deux vedettes rapides de part et d’autre du trimaran, que le pirate a escaladé le trampoline avec Kalachnikov…
“Et il se passe quelque chose là-bas : le vent se lève et le bateau se redresse et accélère d’un coup. Les pirates n’ont pas très bien compris ce qui se passait car ils n’avaient pas l’habitude de voir les bateaux aller aussi vite. Un bateau plus long et plus rapide que le d’abord, sept hommes à bord, tous équipés de kalachnikovs et de lance-roquettes… Ils sont plus agressifs, beaucoup plus menaçants.
La lune mâtée
Il commence à tirer, la balle traverse le rail de la grand-voile et termine sa course sur le mât. Maurice Uguen a vu l’attaque presque en direct, accroché à son téléphone avec un membre de l’équipage : « J’étais en ligne, l’autre était au volant et le propriétaire était Philippe Brillault, qui ne l’a pas lâché. » Philippe est médecin ambulancier. , il a l’habitude de voir des choses “Les mortels ne peuvent pas voir, alors il a répondu aux pirates qui semblaient choqués, car d’habitude quand ils prennent un bateau en otage, les otages vont à plat maintenant. Il est clair que ce n’était pas le cas.”
Maurice Uguen prévient la marine qui va immédiatement détourner la frégate italienne Berganini, à 300 milles de la zone. Cette frégate a une grande plate-forme avec un hélicoptère.
“Ils ont envoyé un hélicoptère, et quand les pirates ont vu l’hélicoptère arriver, ils se sont précipités. En plus de l’hélicoptère, il y avait aussi des unités spéciales avec un énorme pneu qui sont arrivées assez rapidement dans la zone. Ils ont fortifié la zone.”
Trimaran escorté à Djibouti
A bord du trimaran, l’équipe retrouve peu à peu ses esprits, mais le moteur, très sollicité ces dernières heures, ne répond plus. Pour ne rien arranger, le vent vient de complètement retomber…
Le multicoque a ensuite été escorté par un canot pneumatique de la marine italienne jusqu’à 20 milles de Djibouti. Les garde-côtes djiboutiens ont récupéré trois membres d’équipage vendredi soir.
Le trimaran doit maintenant être inventorié, notamment le mât ayant reçu la balle AK-47. Il faut aussi changer un morceau de grand-voile, sans oublier le moteur dans le rideau. “Il faut absolument un moteur pour traverser la mer Rouge et le canal de Suez”, explique Maurice Uguen, qui ne s’attendait pas à ce que son nom y figure.
Le mois prochain, un trimaran de 60 pieds doit entrer dans Mer Agitée, le chantier naval de Michel Desjoyeaux à Port-la-Forêt, pour se reconstruire avant la seule transatlantique.
Didier Maréchal