Deux études suggéraient qu’une pluie d’étoiles filantes pourrait devenir exceptionnelle ce 31 mai 2022. La Terre devant passer à travers des courants de débris récents et denses, créés par la fragmentation de la comète 73P, entraînant la chute de plus de 1.000 météores par heure !
Une pluie d’étoiles filantes intense s’est se produite dans la nuit du 30 au 31 mai 2022. La Terre croisant les débris d’une comète disloquée appelée 73P. Environ 1.000 météores par heure ont illuminer le ciel ! En comparaison, les célèbres Perséides du mois d’août peuvent atteindre des pics de 140 météores par heure… La pluie d’étoiles filantes de ce 31 mai s’annonçait donc grandiose. Cet essaim météoritique spectaculaire, était à observer en direction de la constellation du Bouvier.
Il y a des pluies d’étoiles filantes, tous les mois, qui sont plus ou moins intenses (plus de 100 par heure pour les Perséides), et il y a, parfois, des tempêtes d’étoiles filantes qui surpassent toutes les autres par leur taux horaire supérieur à 1.000 météores ! Et c’est bien ce qui s’est produit au cours de cette nuit du 30 au 31 mai 2022.
Comment expliquer cette soudaine tempête d’étoiles filantes ?
Les prévisions s’appuyaient sur deux études solides de chercheurs dont les modèles convergent pour déclarer cette année 2022 comme exceptionnelle pour l’essaim météoritique méconnu des Tau Herculides (c’est leur nom). Cette nuit, la Terre devait rencontrer sur son orbite plusieurs courants de débris éparpillés par la comète 73P/Schwassmann-Wachmann 3 (alias la comète 73P, pour faire court) après sa fragmentation récente de 1995. S’y ajoutaient des courants plus anciens, datant de 1892 et 1897, et à l’origine de potentiels sursauts qui amplifieraient le spectacle.
« Nos travaux suggèrent que la traînée éjectée lors du passage de 1995 rencontrera la Terre le 31 mai 2022, avec un pic centré à 05 h 01 TU (7 h 01, heure de Paris), c’est-à-dire similaire à ce que les études précédentes ont trouvé », écrit Jérémie Vaubaillon, de l’IMCCE.
Cette comète qui revient tous les 5,4 ans (période orbitale) est connue depuis 1930, année d’ailleurs où ses découvreurs s’attendaient à ce qu’elle soit très brillante. Ils furent finalement déçus et des observations postérieures suggéraient que la forme allongée de son noyau fût le résultat d’une fragmentation. En tout cas, c’est ce qui se produisit en 1995 sous les yeux grand ouverts de plusieurs télescopes. Hubble et Spitzer observèrent plus tard, en 2006 et 2007, le cortège de débris de poussière et de glace.
Le meilleur moment pour observer la pluie d’étoiles filantes.
« Quoi qu’il en soit, mieux vaut se tenir prêt, car si des sursauts se produisent ce sera fantastique : assurément la plus belle pluie d’étoiles filantes, et de loin, de l’année et même de ce début de siècle. « […] quoi que vous fassiez, soyez prêt pour les surprises ! », lance Jérémie Vaubaillon. Et une mauvaise surprise (par exemple un ZHR très faible) nous apprendra dans tous les cas quelque chose sur la science des comètes, des météores, des météoroïdes et de la mécanique céleste du Système solaire. »
Le meilleur moment pour les surprendre, selon les prévisions, était donc en toute fin de nuit pour l’Europe de l’Ouest, avec de possibles surprises avant. La situation était plus favorable pour le continent américain (notamment en Basse-Californie et Mexique), où c’était encore la nuit profonde. D’autant plus que la Lune était absente, évitant ainsi de gêner l’observation de ces grains minuscules qui percutent la haute atmosphère terrestre à petite vitesse (environ 12 km/s). Des météores plutôt lents à pleuvoir par centaines, et pas toujours faciles à discerner, car faibles.
Le nom de tau Herculides vient de l’étoile éponyme de la constellation d’Hercule près de laquelle était situé le radiant de l’essaim météoritique à sa découverte en 1930. Cette année, le radiant est à chercher plutôt dans le Bouvier, non loin de son étoile la plus brillante Arcturus, d’un éclat rouge et facile à repérer dans le prolongement du manche de la « Grande Casserole ».
Bruno Mariotti