Une nouvelle écriture découverte en Iran pourrait faire d’elle le nouveau berceau de l’écriture !

Contrairement aux idées reçues, la naissance de l’écriture ne s’est pas produite qu’en Mésopotamie. Le décryptage récent du Linéaire Elamite, un système d’écriture du 3e millénaire avant notre ère, a complètement redessiné l’histoire de son apparition.

Source :  » Sciences & Avenir.« 

Deux cents ans seulement après que Jean-François Champollion (1790-1832) a réussi l’exploit de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens, le déchiffrement d’une autre écriture plurimillénaire va marquer l’histoire de la compréhension des premiers textes par ses répercussions : il s’agit de celui de l’élamite linéaire, un système utilisé sur le plateau iranien dans l’ancien royaume d’Elam, entre la fin du 3e millénaire et le début du 2e millénaire avant notre ère (2300-1880).

D’abord annoncé en décembre 2020, ce « craquage » au retentissement international vient d’être détaillé avec toutes ses clés dans un article scientifique publié au mois de juin dans une prestigieuse revue allemande*. En y exposant les conditions qui ont conduit au déchiffrement de l’élamite linéaire, ainsi que les détails de ce système d’écriture qui notait la langue élamite parlée sur le plateau iranien avant le persan (vieux perse), la publication allemande, véritable « Bible » des spécialistes du Proche-Orient ancien, consacre à sa façon les travaux de François Desset du laboratoire Archéorient-UMR 5133 (Lyon) et de l’Université de Téhéran (Iran), et ceux de ses collègues Kambiz Tabibzadeh, Matthieu Kervran, Gian Pietro Basello et Gianni Marchesi. Personne avant eux n’avait réussi à percer tous les secrets des inscriptions en élamite linéaire, parmi les dernières à résister aux « nouveaux Champollion » avec celles en linéaire A crétois ou encore celles de la vallée de l’Indus.

Certes, depuis 1857 et la découverte sur la paroi rocheuse du site de Behistun (Iran) de l’inscription royale trilingue du roi perse Darius Ier présentant les versions d’un même texte rédigées en vieux perse, akkadien et élamite, on connaissait l’élamite par sa transcription à travers l’écriture cunéiforme. Pendant des siècles, en effet, les signes cunéiformes avaient servi à noter plusieurs langues, qu’il s’agisse du sumérien, de l’akkadien (appelé babylonien au sud de la Mésopotamie, et assyrien au nord), de l’éblaïte, du hittite, du hourrite ou encore de l’élamite. Mais de l’écriture élamite linéaire, rien n’avait été déchiffré en dehors d’une dizaine de signes proposés par quelques savants entre 1900 et 1970.

Hélène de Branco

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