L’écrivain Salman Rushdie, auteur des « Versets sataniques » poignardé au cou en plein conférence (le point à 7h – heure Paris).

L’écrivain britannique Salman Rushdie, régulièrement menacé de mort, s’apprêtait à donner une conférence dans l’Etat de New York.

Ses écrits lui ont causé des ennuis, dont plusieurs menaces de mort de la part de l’Iran dans les années 1980. L’écrivain Salman Rushdie a été attaqué sur scène ce vendredi 12 août, alors qu’il s’apprêtait à donner une conférence dans l’État de New York.

Les premières informations étaient que, Selon un journaliste d’Associated Press (AP), un homme a pris d’assaut la scène de la Chautauqua Institution, avant de poignarder Salman Rushdie au moment où il était présenté. L’assaillant a été maîtrisé. La personne qui devait donner la parole à l’écrivain a également été « blessée légèrement à la tête ». La police de l’État de New York, où est situé le comté de Chautauqua, a confirmé « enquêter sur une attaque contre Salman Rushdie », qui aurait été « subi une blessure de couteau sur le cou ». Salman Rushdie a été évacué par hélicoptère vers un hôpital, a ajouté la police, sans préciser son état de santé. Son agent a indiqué un peu plus tard qu’il subissait une opération chirurgicale.

On en a pas su plus pendant de très nombreuses heures sur cette agression mais, les choses se sont précisées il y a peu…et elles ne sont pas du tout bonnes, comme l’a fait savoir Andrew Wylie, l’agent littéraire de Salman Rushdie. Selon son tout dernier bulletin donné au New York Times, L’écrivain et intellectuel britannique, d’origine indienne a du être placé sous respirateur artificiel, qu’il ne peut pas parler, qu’il va « probablement perdre un œil », que « les nerfs de son bras ont été sectionnés » et que son foie « a été poignardé et est endommagé ».

Concernant le déroulé de l’agression elle-même, nous savons, à présent, que l’agresseur est un homme de 24 ans, du nom de Hadi Mater, originaire de l’Etat du New Jersey (Etats-Unis d’Amérique). Celui-ci a fait irruption sur la scène ou se trouvait Salman Rushdie, habillé tout en noir, y compris le masque chirurgical qu’il portait. L’attentat à duré une vingtaine de secondes au total, avant que l’homme ne soit maitrisé, lui laissant le temps de poignarder, à plusieurs reprises l’écrivain, dont une fois au cou et au moins une fois à l’abdomen.

Le livre de Rushdie, « Les Versets sataniques », est interdit en Iran depuis 1988, de nombreux musulmans le considérant comme blasphématoire. Un an plus tard, le défunt leader iranien, l’ayatollah Rouhollah Khomeini, avait émis une fatwa (décret) demandant la mort de l’écrivain. L’Iran a également offert une récompense de plus de 3 millions de dollars à quiconque tuerait Rushdie.

L’écrivain devait participer, vendredi à un débat consacré aux écrivains et aux artistes qui bénéficient du droit d’asile aux États-Unis pour protéger « leur liberté et leur expression créative », selon le site internet de la Chautauqua Institution.

Né en 1947 à Bombay, en Inde, deux mois avant son indépendance de l’Empire britannique, Salman Rushdie s’efforçait de ne pas être réduit au scandale provoqué par la publication des « Versets sataniques ». « Mon problème, c’est que les gens continuent de me percevoir sous l’unique prisme de la ‘fatwa' », avait dit, il y a quelques années, ce libre-penseur qui se veut écrivain, et non symbole.

Mais l’actualité, avec la montée en puissance de l’islam radical, n’a cessé de le ramener à ce qu’il a toujours incarné aux yeux de l’Occident : la lutte contre l’obscurantisme religieux et pour la liberté d’expression. Déjà en 2005, il considérait que cette « fatwa » avait constitué un prélude aux attentats du 11 septembre 2001.

Contraint, dès lors, de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cache en cache, il se fait appeler Joseph Anton, en hommage à ses auteurs favoris, Joseph Conrad et Anton Tchekhov. Il doit affronter une immense solitude, accrue encore par la rupture avec sa femme, la romancière états-unienne Marianne Wiggins, à qui « Les Versets sataniques » sont dédiés.

Installé à New York depuis quelques années, Salman Rushdie – sourcils arqués, paupières lourdes, crâne dégarni, lunettes et barbe – avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l’irrévérence.

Mais la « fatwa » n’a jamais été levée et beaucoup de traducteurs de son livre ont été blessés par des attaques, voire tués, comme le Japonais Hitoshi Igarashi, victime de plusieurs coups de poignard en 1991.

La classe politique française s’est insurgée, ce vendredi, contre un acte « barbare », « ignoble », « intolérable » après l’attentat dont a été victime l’écrivain. Au sein du gouvernement, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a dénoncé sur Twitter un « acte barbare » et rendu hommage à « 33 ans de courage », tandis que Pap Ndiaye, ministre de l’Education nationale, a loué un écrivain « symbole de liberté et d’érudition, qu’aucun obscurantisme islamiste n’arrêtera ». La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a décrit un « penseur engagé », « victime ce jour d’une attaque aussi lâche qu’abominable ».

Pour la cheffe des députés « Renaissance » à l’Assemblée, Aurore Bergé, Salman Rushdie est « l’expression même de la liberté ». « C’est un symbole de résistance face au totalitarisme islamiste qui a été attaqué », a réagi, pour sa part, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella. « Cette attaque prouve que les islamistes ne désarmeront jamais », a abondé le maire de Perpignan Louis Aliot, candidat à la tête du Rassemblement national.

« Les fanatiques religieux qui ont lancé une fatwa contre lui en portent sans doute la responsabilité », a vilipendé le député Insoumis Alexis Corbière. « Poignardé par la haine islamiste », a fustigé le leader communiste Fabien Roussel. Boris Vallaud, chef des députés socialistes a condamné une attaque « grave et intolérable, tandis que le président du groupe écologiste à l’Assemblée, Julien Bayou, a fustigé une »ignoble fatwa ».

Pour l’ancienne candidate de droite à la présidentielle, Valérie Pécresse, Salman Rushdie « incarne la liberté d’expression face aux totalitaristes islamistes ». La présidente par interim des Républicains, Annie Genevard, a estimé que « le combat de nos démocraties doit être sans faiblesse contre un ennemi qui joue le temps long pour réduire notre liberté ».

Le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est dit « atterré » par l’agression dont a été victime vendredi son compatriote l’écrivain Salman Rushdie aux Etats-Unis. Je suis « atterré que Sir Salman Rushdie ait été poignardé alors qu’il exerçait un droit que nous ne devrions jamais cesser de défendre », a réagi M. Johnson dans un tweet, en allusion à la liberté d’expression.

Christian Estevez
Joseph Kouamé

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