Le secrétaire d’État des Etats-Unis d’Amérique, Antony Blinken, a salué, jeudi 1er septembre, le rapport de l’ONU sur les violations présumées des droits de l’Homme dans la région chinoise du Xinjiang, exigeant que Pékin rende des comptes sur ce «génocide» (source AFP).
La Chine voit un rapport créé de toutes pièces, et un outil politique au service de la stratégie des Etats-Unis et de l’Occident, qui vise à utiliser le Xinjiang pour entraver le développement de la Chine.
« Ce rapport renforce et réaffirme nos graves préoccupations concernant le génocide en cours et les crimes contre l’Humanité perpétrés par les autorités chinoises » dans cette région où vit cette minorité musulmane, a déclaré Antony Blinken dans un communiqué.
Malgré les pressions de Pékin, qui a vivement dénoncé le rapport, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme (HCDH) a publié, mercredi soir, ce rapport très attendu sur la situation dans le Xinjiang.
Le rapport de l’ONU évoque la possibilité de « crimes contre l’Humanité » dans la région mais ne parle pas expressément de génocide. « Nous continuerons à exiger que les autorités chinoises rendent des comptes et appelons celles-ci à libérer tous ceux qui sont maintenus en détention sans justification (…) et à permettre un accès sans restrictions à des enquêteurs indépendants au Xinjiang, au Tibet, et à travers la Chine », a affirmé le chef de la diplomatie états-unienne.
Ce texte long de près de 50 pages « est complètement illégal et invalide », a fustigé, lors d’une conférence de presse régulière, Wang Wenbin, un porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois. « Ce rapport est un ramassis de désinformation et un outil politique au service de la stratégie des Etats-Unis et de l’Occident, qui vise à utiliser le Xinjiang pour entraver [le développement] de la Chine », a-t-il jugé.
Avant même cette prise de parole de l’administration Biden, Pékin avait condamné les termes employés par le Haut-Commissariat, qualifié de « sbire » et de « complice des Etats-Unis et de l’Occident pour punir (…) des pays en développement ». « Le HCDH a créé de toutes pièces ce rapport, s’appuyant sur la conspiration politique de certaines forces antichinoises à l’étranger. Il s’agit d’une grave violation des responsabilités du HCDH, des principes d’universalité, de non-sélectivité, d’objectivité et de non-politisation », a fustigé M. Wang. »
Dans un communiqué du Quai d’Orsay, jeudi 1er septembre, la France se dit « profondément préoccupée par les conclusions du rapport du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme ». Le document, poursuit le Quai d’Orsay, « confirme les informations déjà publiées dans des rapports crédibles, toujours plus nombreux, qui font état de violations généralisées et systématiques des droits de l’Homme ». Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pointe des « cas de détentions arbitraires, de torture ou de peines et traitements cruels, inhumains et dégradants, de disparitions forcées, de stérilisations forcées, de violences sexistes et sexuelles et de séparations de familles ». « La France prend également note des conclusions selon lesquelles certaines de ces violations pourraient être constitutives de ‘crimes internationaux, en particulier de crimes contre l’humanité' », poursuit la porte-parole du Quai d’Orsay. Paris appelle Pékin « à mettre en œuvre les recommandations de ce rapport, ainsi qu’à mettre fin aux violations des droits de l’Homme à l’encontre des populations ouïghoures et des autres personnes appartenant aux minorités ».
De son côté, l’Allemagne a appelé le gouvernement chinois « à accorder immédiatement à tous les habitants du Xinjiang le plein exercice de leurs droits humains ». La diplomatie allemande, dirigée par l’écologiste Annalena Baerbock, affiche sa volonté d’adopter une approche plus ferme sur les atteintes aux droits humains imputées au gouvernement de Pékin alors que la Chine est le premier partenaire économique de l’Allemagne. Ce rapport très attendu « confirme qu’il y a lieu de s’inquiéter au plus haut point », souligne le ministère des affaires étrangères dans une déclaration écrite. « Toutes les personnes détenues arbitrairement doivent être libérées immédiatement », ajoute la diplomatie allemande, qui appelle aussi Pékin « à autoriser une nouvelle enquête indépendante sur ces allégations de graves violations des droits humains en Chine ». Le document, « qui a fait l’objet de recherches minutieuses, constate que les plus graves violations des droits de l’homme sont largement répandues au Xinjiang et voit des preuves de crimes contre l’humanité contre les Ouïgours et d’autres minorités musulmanes », souligne Berlin.
