L’ancien procureur de Paris a été interrogé, ce lundi 10 octobre, par la cour d’assises de Paris sur la douleur de familles ayant appris très tardivement que des prélèvements d’organes complets avaient été faites sur leurs proches décédés.
L’ancien procureur de la République de Paris en charge des affaires de terrorisme a été entendu, lundi dernier, par la cour d’assises spéciale de Paris.
Pourquoi des prélèvements d’organes complets ont-ils été réalisés sur certaines victimes de l’attentat de Nice ? La question est dans tous les esprits ce lundi 10 octobre quand François Molins arrive à la barre de la cour d’assises de Paris. Et ce haut magistrat, aujourd’hui procureur général auprès de la Cour de cassation, sait que le sujet est sensible. « Certaines familles portent cela comme un fardeau depuis des années », lui dira, au cours de l’audience, Me Virginie Le Roy, avocate de parties civiles très engagée sur le sujet.
Sur chaque corps autopsié, des organes ont été prélevés et placés sous scellés, au cas où des analyses complémentaires seraient nécessaires à l’enquête, ce qui n’a pas été le cas. Le geste a suscité l’incompréhension des familles. Après le drame, les corps de 14 des 86 victimes de l’attentat de Nice du 14-Juillet 2016 ont fait l’objet d’une autopsie, au cours desquelles 173 organes ont été prélevés (soit une moyenne de plus de 12 organes par corps) sans que les proches ne soient informés.
C’est François Molins, alors procureur de la République de Paris, en charge des affaires de terrorisme, qui a ordonné les autopsies pour les corps dont la cause du décès n’était pas « évidente ». Il s’en explique ce lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris.
« Excès de zèle »
Le magistrat confirme que des prélèvements d’organe ont été « systématiquement effectués sur tous les corps autopsiés ». « En général, lors des autopsies, on s’adresse à l’institut médico-légal (IML) de Nice et on leur signifie qu’ils peuvent procéder à tout prélèvement utile, nécessaire à la compréhension des causes du décès », a-t-il avancé. Et d’ajouter: « Ces prélèvements ont été décidés par l’IML. Je ne veux pas les accuser mais je pense qu’il y a eu une forme d’excès de zèle de la part des médecins légistes, ils ont voulu bien faire et ils ont fait quelque chose qui ne se justifiait pas ».
Bien plus que la pratique – qui est normale dans ce type de cas, le nombre de prélèvements d’organe interroge. De nombreuses viscères ont ainsi été prélevées, en grande quantité. Or, s’il s’avère nécessaire, seule une petite partie de l’organe suffit.
« Si le médecin légiste estime utile de prélever des viscères, il doit en informer le parquet. À Nice à ce moment-là, il n’y a pas de magistrat qui assiste à l’autopsie, ni du parquet de Paris, ni de celui de Nice », raconte François Molins.
Ce dernier assure qu’il n’a été mis au courant des faits que plusieurs jours plus tard, et exprime également son incompréhension. « C’est très difficile d’expliquer rationnellement quoi que ce soit. Je pense que le prélèvement n’était pas indispensable. Quelques centimètres carrés auraient suffi. On aurait pu mieux faire, mieux informer. Peut-être qu’on est allés trop vite », a-t-il concédé.
