Birmanie : Aung San Suu Kyi condamnée à 33 ans de prison!

Le procès de la dirigeante birmane déchue, s’est achevé ce vendredi 30 décembre. Cette dernière a été rendue coupable des cinq chefs d’accusation de corruption la visant. Déjà condamnée à vingt-six ans de détention, la dirigeante birmane déchue écope de 7 années de prison supplémentaires.

Incarcérée dans une prison de la capitale Naypyidaw où se déroule son procès, l’ancienne dirigeante, Aung San Suu Kyi, a été reconnue coupable de chacun des 14 chefs d’accusation de corruption, notamment de fraude électorale, violation de secrets d’État ou encore violation des restrictions anti-Covid.

Elle a été reconnue coupable de corruption par un tribunal de la junte au pouvoir. Il s’agissait du dernier volet de son procès-fleuve de 18 mois. Elle était visée par cinq chefs d’accusation, dans une affaire de location d’hélicoptère pour un ministre et accusée d’avoir causé «une perte pour l’Etat».

«Toutes ses affaires sont terminées, il n’y a plus d’accusations contre elle» confirme une source anonyme. L’ancienne dirigeante birmane de 77 ans passera donc, au total, 33 ans en prison. Et pourrait donc terminer sa vie derrière les barreaux même si selon des experts, elle pourrait purger une partie de sa peine en résidence surveillée.

La lauréate du prix Nobel de la paix 1991, figure controversée mais toujours très populaire dans son pays, est incarcérée depuis le coup d’Etat militaire du 1er février 2021. Elle n’a été vue depuis que de très rares fois, sur des photos granuleuses prises par les médias d’Etat dans une salle d’audience vide. Sa procédure judiciaire, elle, a été entamée en juin 2021. Dans ce «simulacre judiciaire», selon les mots des groupes de défense des droits humains, l’opposante a été condamnée pour de multiples infractions : corruption, fraude électorale, violation de secrets d’Etat et des restrictions anti-Covid.

Cette dernière condamnation survient le même mois que l’appel à la libération de l’opposante par le conseil de l’ONU, première résolution de l’ONU depuis des décennies sur la situation en Birmanie. Demande rendue possible grâce à l’abstention de la Chine et de la Russie, habituels soutiens de l’Etat autocratique, et aussitôt critiquée par la junte qui y voit une tentative de «déstabilisation» du pays.

« Tout le monde sait que ce procès est purement politique », témoigne un journaliste politique birman basé à Mandalay, qui refuse de dévoiler son nom pour des raisons de sécurité. « Aux yeux de la junte militaire, Aung San Suu Kyi représente un danger et elle s’acharne sur elle dans le but de la neutraliser par une procédure judiciaire totalement injustifiée. »

Les accusations de corruption sont « ridicules », a réagi Htwe Htwe Thein, professeure associée à l’université australienne de Curtin. « Il n’y a pas la moindre trace de corruption dans le leadership d’Aung San Suu Kyi, sa gouvernance ou son style de vie. » « Toutes ses affaires sont terminées, il n’y a plus d’accusations contre elle », a précisé la source judiciaire qui a requis l’anonymat.

Aung San Suu Kyi avait été arrêtée alors qu’elle était cheffe du gouvernement, lors du coup d’État militaire de février 2021 qui avait mis fin à une décennie de transition démocratique dans ce pays d’Asie du Sud-Est. Depuis, la Birmanie est en proie au chaos et à la violence et son économie est en lambeaux. Plus de 2 500 civils ont été tués par les forces de sécurité et des milliers d’autres ont été emprisonnés, selon le bilan d’une ONG locale.

Début décembre, la junte militaire a condamné à mort au moins sept étudiants, portant à 139 le nombre de prisonniers attendant leur exécution dans le pays. Ces nouvelles condamnations font suite à l’exécution, en juillet, de quatre personnes, dont l’ancien parlementaire Phyo Zeya Thaw et le militant pour la démocratie Kyaw Min Yu. Il s’agissait des premiers condamnés exécutés en Birmanie depuis une trentaine d’années.

La fin du procès d’Aung San Suu Kyi, long de 18 mois, qualifié de simulacre par les groupes de défense des droits humains, ouvre une nouvelle période d’incertitudes en Birmanie, avec la perspective d’élections en 2023 promises par la junte, en quête de légitimité.

Didier Maréchal

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