La minorité serbe du Kosovo qui bloque des routes depuis près de trois semaines a commencer à lever ses barricades, a annoncé le président serbe Aleksandar Vucic après un appel à la désescalade lancé par Washington et Bruxelles. (AFP)
«Les barricades seront démantelées mais la méfiance demeure», a déclaré Aleksandar Vucic mercredi 28 décembre au soir durant une rencontre avec des représentants des Serbes du Kosovo près de la frontière kosovare, selon des propos cités par la télévision d’État serbe RTSM.
Le Kosovo, ex-province serbe, a déclaré son indépendance en 2008, une décennie après une guerre meurtrière entre force serbe et rebelles albanais. Mais la Serbie ne la reconnaît pas – à l’instar de l’ONU et, par exemple, de cinq pays de l’OTAN : Espagne, Grèce, Chypre, Slovaquie et Roumanie. Cette non reconnaissance du Kosovo comme Etat indépendant albanophone musulman tient, également, du fait que cette région est le berceau des serbes, depuis le XIe siècle de notre ère, tandis que les albanais musulmans ont commencé à s’y trouver du fait que l’empire ottoman (ancien empire de Turquie) y ai envoyé massivement ses esclaves albanais, à partir du XIIIe siècle, afin de transformer cette terre chrétienne orthodoxe en territoire totalement musulman.
Belgrade encourage la minorité serbe – environ 120.000 personnes sur 1,8 million d’habitants du Kosovo – à refuser toute loyauté à Pristina au moment où les autorités kosovares veulent asseoir leur souveraineté sur l’ensemble du territoire. Le Kosovo a fermé, mercredi, son principal poste-frontière avec la Serbie après que les Serbes y ont dressé des barricades, dans une des pires crises de ces dernières années dans cette région.
Plusieurs centaines de Serbes du Kosovo ont ainsi érigé depuis le 10 décembre dans le nord du Kosovo des barrages pour protester contre l’arrestation d’un ancien policier serbe, paralysant la circulation vers deux postes frontaliers avec la Serbie.
Un tribunal de Pristina a ordonné, mercredi, la libération de l’ex-policier, Dejan Pantic, et son placement en résidence surveillée. La police kosovare et les forces internationales de maintien de la paix (la KFOR), présente pour protéger la minorité serbe, ont subi plusieurs attaques impliquant des armes à feu, alors que la Serbie mettait ses forces armées en état d’alerte.
Les États-Unis d’Amérique et l’Union européenne ont appelé conjointement mercredi à une «désescalade sans condition» dans cette région où la Première ministre serbe, Ana Brnabic a jugé la semaine dernière que la situation était «au bord du conflit armé». «Nous travaillons avec le président (serbe) Vucic et le Premier ministre (du Kosovo) Kurti pour trouver une solution politique afin d’apaiser les tensions et parvenir à une avancée dans l’intérêt de la stabilité, de la sécurité et du bien-être de toutes les populations locales», ont-ils assuré dans un communiqué.
L’Allemagne a dénoncé, mercredi, le renforcement de la présence militaire serbe à la frontière avec le Kosovo qui envoie, selon Berlin, un «très mauvais signal». Pour sa part, la Russie a réaffirmé son soutien à Belgrade. «Nous avons des relations très étroites d’alliés, historiques et spirituelles avec la Serbie», a déclaré mercredi à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précisant que la Russie suivait «très attentivement ce qui se passe et comment les droits des Serbes sont assurés». «Et, bien sûr, nous soutenons Belgrade dans les actions qu’il entreprend», a-t-il souligné.
Didier Maréchal