La jeune députée de 37 ans, Elly Schlein, a battu, ce dimanche 26 février, Stefano Bonaccini pour la direction du Parti démocrate (PD) italien. (Avec Huffpost).
La députée née en Suisse, Elly Schlein, succède à Enrico Letta comme secrétaire du Parti démocrate. Elle veut mener une formation capable de rivaliser avec la droite de Giorgia Meloni.
Elly Schlein, 37 ans, vient d’être élue secrétaire du Parti démocrate italien. Ses discours en faveur des droits des femmes et des LGBT contrastaient avec ceux de la dirigeante d’extrême droite.
Élu avec 53,8 % des suffrages de plus d’un million de partisans, l’ancien vice-président de la région Émilie-Romagne veut redorer l’image d’une gauche en retrait depuis que Giorgia Meloni est arrivée à la tête du pays.
Et pour cause, le parti de gauche a perdu les élections législatives de septembre dernier face aux Frères d’Italie, et n’arrive plus à combattre l’extrême droite montante. Elle a perdu le contrôle de la région de Rome il y a quelques jours et a subi une cuisante défaite en Lombardie.
Née en 1985 dans la ville de Lugano (Suisse) d’une mère italienne et d’un père états-unien d’origine ukrainienne, l’élue a les nationalités italienne, suisse et états-unienne. Elly Schlein a étudié a notamment le droit à l’Université de Bologne et a participé comme volontaire aux deux campagnes présidentielles de Barack Obama aux États-Unis.
Le « Corriere della Sera » la décrit comme une vraie « intello » et fan du jeu vidéo Monkey Island. Très cultivée, cinéphile et mélomane, elle est amatrice de rock indépendant.
En politique, Elly Schlein a souvent été comparée en Italie à la députée new-yorkaise Alexandria Ocasio-Cortez (ce qui ferait plus d’elle une « wokiste » d’extrême-gauche qu’une socialiste préoccupée par la Démocratie). La nouvelle cheffe du parti a rejoint le PD après l’avoir quitté en 2015, par frustration de la direction que prenait le parti sous la direction de son leader de l’époque et ancien Premier Ministre, Matteo Renzi.
Mais l’ancienne députée européenne s’est surtout fait connaître au début de l’année 2020 après que son petit parti, « Coraggiosa », a joué un rôle essentiel pour empêcher l’extrême droite de prendre le pouvoir dans la région traditionnellement de gauche d’Émilie-Romagne, rapporte le média britannique « The Guardian ».
Elle est alors nommée vice-présidente de la région, où le président, Stefano Bonaccini – son adversaire lors de la primaire –, l’appelle pour prendre en charge la lutte contre les inégalités, l’aide sociale et la transition écologique. Son ascension est alors impressionnante : elle jongle entre les interviews d’un plateau télé à l’autre, et fait connaître sa bisexualité lors d’un talk-show national : « J’ai eu plusieurs relations dans le passé : j’ai aimé beaucoup d’hommes, j’ai aimé beaucoup de femmes. En ce moment, je suis avec une fille et je suis heureuse. Tant qu’elle me supporte ! »
Alors que la Première ministre Giorgia Meloni multiplie des propos « traditionnalistes » sur les droits des femmes et des LGBT, Elly Schlein n’hésite pas à tenir un discours à l’opposé de l’extrême droite : « Je suis une femme. J’aime une autre femme et je ne suis pas mère, mais je ne suis pas moins femme pour autant. Nous ne sommes pas des utérus vivants, mais des personnes avec des droits », a-t-elle déclaré il y a encore une semaine.
Après sa victoire dimanche, l’étoile montante de la gauche a porté un message plein d’espoir pour son camp politique : « Le Parti démocrate est vivant et prêt à se lever », a-t-elle lancé, assurant que le PD allait devenir « une menace » pour le gouvernement dirigé par Giorgia Meloni.
Sa victoire a été une surprise car les sondages prévoyaient une large victoire de Stefano Bonaccini. « La première chose que je demande est d’applaudir Elly Schlein », a déclaré son concurrent. « Elly l’a emporté et je suis disponible pour l’aider. »
Même Meloni a adressé ses « félicitations » à Elly Schlein. « J’espère que l’élection d’une jeune femme à la tête du PD pourra aider la gauche à regarder en avant et non en arrière », a-t-elle ajouté – preuve que l’idéologie féministe conquière les femmes toutes les orientations politiques qui ont bien compris que c’est, là, la possibilité, pour elles, de gouverner le monde.
Didier Maréchal & Christian Estevez