Qu’est-ce que le « syndrome de Vexas », maladie mortelle qui touche les hommes âgés de plus de 50 ans, découvert en 2020?

Le syndrome de Vexas, identifié pour la première fois en 2020, toucherait environ 1 homme sur 4.000 aux Etats-Unis. Après le diagnostic, la survie médiane est de dix ans. (avec Sciences et Avenir).

Le syndrome de Vexas, une maladie mortelle au carrefour des maladies du sang, des articulations et des syndromes inflammatoires, a été très difficile à identifier.

Découvert en 2020, en pleine pandémie de Covid-19, le syndrome de Vexas est passé inaperçu, considéré comme une maladie rare. Cependant, les nouveaux travaux montrent qu’il est beaucoup plus fréquent qu’auparavant. Selon une étude publiée dans la revue JAMA, près d’un homme sur 4 000, âgé de plus de 50 ans, aux États-Unis, est atteint de cette maladie. Un taux d’incidence suggère que la maladie est en grande partie non diagnostiquée, car elle n’est pas entièrement connue. Les premiers signes de la maladie sont souvent des lésions sur la peau.

Le syndrome de Vexas, maladie mortelle à la croisée des syndromes sanguins, articulaires et inflammatoires, a été difficile à définir. Si une équipe a réussi à l’identifier en 2020, cela existe depuis bien plus longtemps. On sait désormais qu’elle touche 1 homme sur 4 000 de plus de 50 ans. Les premiers symptômes : fatigue intense, éruption cutanée et léthargie augmentent avec le temps. La maladie est très grave, car après l’apparition des symptômes, la durée moyenne de survie est déterminée à dix ans. Outre les fièvres inexpliquées et les faibles niveaux d’oxygène dans le sang, des lésions cutanées reconnaissables peuvent aider à diagnostiquer plus rapidement les patients. Les patients longtemps mal diagnostiqués peuvent désormais bénéficier d’une prise en charge plus adaptée.

« Parmi les manifestations inflammatoires, on peut trouver de tout. Une fièvre, des douleurs aux articulations, une inflammation des poumons. Mais le signe le plus fréquent, ce sont les lésions cutanées, qui sont présentes chez plus de 90% des patients, » explique le Dr Eve Zakine, dermatologue à Paris et auteure d’un article scientifique sur le syndrome de Vexas dans la revue JAMA Dermatology. Les premiers travaux publiés font état de ces atteintes de la peau, sans pour autant en préciser la nature. « Ils ne précisaient pas le type de lésions, des pustules, des ulcères ou autre. » Pour en savoir plus, le Dr Zakine a mené plusieurs travaux de recherche sur une cohorte française, avec les équipes du Pr Jean-David Bouaziz à l’hôpital Saint Louis et du Dr Chasset à l’hôpital Saint Antoine. « On a contacté toutes les médecins qui avaient contribué à cette base de données pour recueillir d’éventuelles photos ou des biopsies. »

De ce fait , en plus d’être le symptôme le plus largement partagé par les patients qui souffrent du syndrome de Vexas, les lésions de la peau sont aussi, dans près de deux tiers des cas (63%) le premier signe à apparaître, qu’il soit associé ensuite à d’autres manifestations ou non. Par ailleurs, l’équipe s’est aperçue qu’il s’agissait d’un type particulier de lésions : la dermatose neutrophilique, des sortes de papules de couleur rouge foncé et dures, avec un œdème dans le derme, la couche profonde de la peau.

« Elle se caractérise par l’infiltration de globules blancs dans le derme de la peau », explique le Dr Zakine. Les polynucléaires neutrophiles sont un des globules blancs phagocytes produits par la moelle osseuse, qui ont la capacité d’absorber des corps étrangers. Ils se multiplient lors des infections. Dans le cas de la maladie de Vexas ainsi que d’autres maladies dermatologiques, ces neutrophiles s’activent dans une réponse inflammatoire de façon inappropriée et s’accumulent dans le derme, ce qui entraîne ces lésions.

Les patients atteints du syndrome de Vexas sont tous porteurs de la même mutation du gène UBA1, ce qui explique la survenue de symptômes inflammatoires. En analysant les échantillons de peau, l’équipe a découvert que la mutation était également présente dans les lésions, mais pas dans les échantillons de peau normale. « Cela signifie que ce sont spécifiquement les globules blancs qui portent cette mutation qui sont en cause et que les manifestations inflammatoires sont directement liées au fait que ces globules blancs pathologiques sont nichés dans la peau », explique la spécialiste. Les manifestations dermatologiques ne seraient donc pas dues à un état inflammatoire généralisé chez les patients, mais bien à l’infiltration de la peau par les cellules mutées.

« Maintenant que l’on sait que ces lésions sont très souvent le premier symptôme de la maladie, nous espérons pouvoir la diagnostiquer plus rapidement afin d’éviter l’errance diagnostique des patients, comme c’était le cas par le passé », espère le Dr Zakine. « Il existait une galaxie de patients hétérogènes qui ne parvenaient pas à être classés. »

Syndrome de Sweet (maladie dermatologique rare), maladie de Horton (inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins), polychondrite chronique atrophiante (inflammation de certaines structures cartilagineuses)… Il existe de nombreux diagnostics erronés qui conduisent au diagnostic erroné du syndrome de Vexas. Certains des symptômes sont causés par la fuite du système immunitaire, provoquant une inflammation et conduisant à la classification du syndrome comme une maladie auto-immune.

Actuellement, le syndrome de Vexas est traité avec des stéroïdes, pour limiter l’inflammation, ainsi que des anticorps monoclonaux. Actuellement, les lésions cutanées ne font pas l’objet de traitement spécifique. Mais les traitements systémiques qui agissent sur tout le corps semblent également agir sur la peau.

Charlotte Rio-Calanda

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