Plusieurs adolescents congolais, dont des filles, ont été enlevés, mardi 28 février, dans la province de Bas-Uélé, dans le nord du pays. L’attaque a eu lieu dans le territoire d’Ango, frontalier avec la Centrafrique et le Soudan du Sud.
Sept hommes armés ont investi les villages de « Namangu, Zamoi et Banda peu après 1h (minuit GMT), pillant d’abord une dizaine de maisons et une boutique avant d’emporter 25 jeunes âgés de 12 à 18 ans, dont 7 filles mineures », a déclaré à Anadolu, Marcellin Mazale, administrateur du territoire d’Ango, dans la province du Bas – Uele dont relèvent les trois localités.
Ils y ont passé trois heures avant de s’en prendre aux enfants, sans être inquiétés : 13 garçons et 12 filles, dont une enceinte, ont ainsi été emmenés, selon le récit des autorités locales.
Les trois villages se situent à une centaine de kilomètres de la frontière avec la Centrafrique, théâtre depuis 2013 d’une crise sécuritaire aiguë.
Les trois localités sont isolées et éloignées du chef-lieu du territoire d’Ango, un vaste territoire qui ne dispose que d’un seul détachement militaire. Les autorités ont, dans un premier temps, accusé la rébellion centrafricaine de la Séléka. Mais l’administrateur du territoire d’Ango, suspecte plutôt la LRA : « Il y avait sept hommes bien armés, identifiés avec des tenues blanches cachetées. Chacun avait avec lui deux armes à feu. Dans leur habitude, ils ont toujours fait ces apparitions pour avoir des enfants et les enrôler dans leurs forces, ce qui nous laisse croire que ça doit être des éléments de la LRA. Ils n’ont pas besoin de rançon ou quoi que ce soit. Ils n’ont besoin des enfants que pour leur armée là-bas, et les filles, dont l’âge varie entre 10 et 18 ans, deviennent leurs femmes dans les abus sexuels. »
Les provinces du Nord de la RDC sont l’ancien bastion de la brutale rébellion ougandaise de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Marcellin Mazale s’est toutefois abstenu d’incriminer la LRA qui selon lui « n’opère plus dans la région depuis 5 ans ». Dans les années 2000, ce groupe armé qui a semé la terreur dans le Nord de l’Ouganda dans les années 1990, a terrorisé la province du Bas Uele par des enlèvements massifs d’enfants, mutilations, Viols et autres atrocités sur des civils.
Repoussée hors du Nord de l’Ouganda en 2005, la LRA avait élargi son rayon d’action dans la zone frontalière reculée entre le Sud-Soudan, le Nord congolais et la République centrafricaine (RCA).
En 2021, la CPI a reconnu coupable, Dominic Ongwen, un enfant-soldat ougandais devenu chef rebelle de la LRA, à 25 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Joseph Kouamé