Participant à un exercice grandeur nature sur deux semaines, les militaires français ont à cœur de s’adapter aux nouvelles pratiques de guerre et de répondre aux inquiétudes, à l’heure où les bilans sont de plus en plus alarmants.
C’est une première en 30 ans. Le scénario est bien préparé. L’armée française vient en aide à l’État fictif d’Arnland, déstabilisé par une milice tout aussi fictive, soutenue par l’État de Mercure. Gros exercice. 7 000 militaires participent à la phase 2, 2 300 véhicules, 170 avions et hélicoptères, un porte-avions, des centaines de drones… Tous les militaires sont prêts à se battre dans un exercice de grande envergure.
Crée en 2020, l’exercice vise à démontrer la prévisibilité de l’état-major des armées, à l’heure où de nouveaux conflits menacent l’intégrité de la sphère d’influence française. « C’est un message envoyé à nos amis pour leur dire que vous pouvez compter sur nous et à nos ennemis pour montrer que l’on se prépare », éclaire le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française à l’ONU.
Alors que les grandes puissances sont en alerte, la France veut marquer le coup et montrer à ses voisins qu’elle est la seule armée capable de pré-intervenir sur un champ de bataille. En témoignent les opérations aéroportées et amphibies qui ont eu lieu les 25 et 26 février derniers. A Castres et Sète (Sud de la France), des centaines de soldats ont été déployés dans une manœuvre inédite qui rappelle le déploiement des troupes françaises au Mali, lors de l’opération Serval, en 2013.
Deux rapports du Comité de défense du Congrès ont déclenché la sonnette d’alarme. Les voyants seraient au rouge. Le dernier rapport, publié le 17 février dernier révèle « une dégradation globale des stocks de munitions ». En cas de conflit “dur”, la France ne pourrait tenir que quelques semaines, alertent les parlementaires. « L’État-major n’attend pas que les députés se posent les questions pour anticiper et réfléchir », note le général Dominique Trinquand. Si le hasard du calendrier coïncide entre ces inquiétudes et le déroulement de l’exercice, c’est que « l’armée est en bonne santé », rassure-t-il.
Le commandement de l’exercice Orion, installé à la base aérienne de Lyon-Mont-Verdun, a particulièrement scruté la capacité logistique et de coordination des armées. « Cela nous donne des enseignements pour la suite, il y a toujours des choses à améliorer », reconnait l’officier. Les 7000 soldats mobilisés ne sont alors plus que des pions sur une carte. « Au bout du compte, on sait qu’ils vont faire le boulot », poursuit le général Dominique Trinquand.
Didier Maréchal