Dimanche dernier (7 mai), le tableau « Fuck abstraction! » de l’artiste suisse Miriam Cahn, exposé au Palais de Tokyo, à Paris, a été aspergé de peinture par un individu ayant agi seul.
Pour Guillaume Désanges »Faire disparaître, détruire, censurer » étaient les objectifs de l’homme qui a aspergé le tableau de peinture de Miriam Cahan, intitulé « Fuck abstraction! ».
L’homme, qualifié d' »assez âgé » par France info, a projeté de la peinture mauve, cachée dans un flacon de médicament, sur le tableau. Il s’est dit « mécontent de la mise en scène sexuelle d’un enfant et d’un adulte représentée selon lui ». Il a été interpellé par les agents de sécurité du palais de Tokyo, puis emmené par la police, a confirmé le musée.
Intitulée « Fuck abstraction! », le tableau de l’artiste bâloise Miriam Cahn, exposée depuis mi-février par le Palais de Tokyo à Paris, représente une personne aux mains liées, contrainte à une fellation par un homme puissant sans visage. Pour ses détracteurs, la victime est un enfant, ce que dément l’artiste, invoquant la représentation du viol comme arme de guerre et crime contre l’humanité.
« Nous avions décidé avec l’artiste qu’il n’y avait pas de protection physique particulière de l’œuvre », a expliqué, lundi 8 mai, le président du Palais de Tokyo, Guillaume Désanges, au micro de France Culture, après la dégradation du tableau Fuck Abstraction ! de Miriam Cahn.
Le tableau de la peintre suisse, exposé au Palais de Tokyo dans le cadre d’une rétrospective de l’artiste, était au cœur d’une polémique depuis plusieurs semaines. Des associations de défense des droits de l’enfant, dénonçant une œuvre à caractère pédopornographique, avaient saisi le Conseil d’État mi-avril pour que soit décroché le tableau, une requête rejetée par l’institution.
« C’est malheureusement quelque chose que nous avions imaginé et que nous avions même anticipé, a expliqué Guillaume Désanges. Avant même le début de l’exposition, nous étions conscients de la force des œuvres de Miriam Cahn » et que son travail « pouvait choquer, pouvait heurter ».
Le Palais de Tokyo a fait le choix de montrer l’œuvre telle qu’elle est : « Il y a dans le travail de Miriam Cahn cette idée justement de la vulnérabilité de l’œuvre. Le Palais de Tokyo n’est pas une forteresse », a insisté son président. En revanche, le musée a mis en place à la fois « un dispositif d’accompagnement de texte, mais aussi un accompagnement humain, un accompagnement à la fois de surveillance, de protection et aussi un accompagnement de médiation et de discussion », a-t-il détaillé.
Guillaume Désanges ne compare pas cette action à celles des militants écologistes qui s’en prennent à des œuvres protégées pour passer un message sur le climat. « Nous avons affaire à un autre type d’action qui s’attaque directement à l’œuvre pour ce qu’elle est intrinsèquement, pour ce qu’elle montre, avec la volonté de la faire disparaître, de la détruire et de la censurer », a-t-il expliqué.
Didier Maréchal