Le président conservateur du Portugal, Marcelo Rebelo de Sousa, a promulgué, mardi 16 mai dernier, la loi dépénalisant l’euthanasie dans ce pays à majorité catholique, après que le Parlement a annulé, vendredi 12 mai, le dernier de ses quatre vetos.
Le président a promulgué la loi « comme il en a l’obligation » en vertu de la Constitution, a indiqué la présidence dans un communiqué. «La Constitution oblige le Président à promulguer une loi à laquelle il a mis son veto et qui a été confirmée par l’Assemblée de la République. Je la promulguerai, bien sûr, c’est mon devoir constitutionnel», avait indiqué Marcelo Rebelo de Sousa après le vote.
Le Portugal devient ainsi le sixième pays de l’Union Européenne à légaliser la mort médicalement assistée, une procédure à laquelle la majorité des Portugais sont favorables depuis longtemps, ont montré les sondages d’opinion.
En janvier 2021, le gouvernement précédent avait adopté un premier projet de loi qui aurait légalisé la mort médicalement assistée sous certaines conditions, mais Marcelo Rebelo de Sousa y avait opposé son veto en raison de « concepts excessivement indéfinis ».
Après plusieurs allers-retours, la loi a finalement été validée par le Parlement vendredi 12 avec 129 voix pour, 81 contre et une abstention, sans les changements demandés par Marcelo Rebelo de Sousa, annulant ainsi son veto.
Une majorité parlementaire s’était déjà prononcée à quatre reprises en faveur de la dépénalisation de la mort assistée au cours des trois dernières années. Mais le texte s’était ensuite heurté aux réserves de la Cour constitutionnelle et du chef de l’État, catholique pratiquant. Afin de surmonter le dernier veto du président, les socialistes avaient décidé de voter le même texte une seconde fois. Le parti social-démocrate, principal parti d’opposition de centre-droit, a toutefois déclaré qu’il ferait appel auprès de la Cour constitutionnelle.
La loi précise que les personnes seront autorisées à demander une aide à mourir dans les cas où elles se trouvent « dans une situation de souffrance intense, avec des lésions définitives d’une extrême gravité ou une maladie grave et incurable ». Elle prévoit un délai de deux mois entre l’acceptation d’une demande et la procédure proprement dite et rend obligatoire un soutien psychologique.
Didier Maréchal