Le principal parti d’opposition en Afrique du Sud a affirmé, ce mardi 30 mai, avoir saisi la justice pour s’assurer que Vladimir Putin serait arrêté s’il posait pied dans le pays, où il est attendu en août pour un sommet des BRICS. (Avec AFP).
L’Alliance Démocratique (DA) demande à la justice «une ordonnance» stipulant que si Vladimir Putin arrive en Afrique du Sud pour participer au sommet des BRICS (groupe de pays réunissant Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde et Russie), le gouvernement devra procéder à son arrestation, comme exigé par la Cour pénale internationale (CPI).
La CPI, installée à La Haye, a émis, en mars, un mandat d’arrêt contre Vladimir Putin pour « crime de guerre » de «déportation» d’enfants ukrainiens, dans le cadre de l’offensive de Moscou contre l’Ukraine. L’Afrique du Sud étant membre de la CPI, elle est théoriquement censée arrêter le président russe à son arrivée dans le pays. Mais Pretoria, qui entretient des relations diplomatiques étroites avec Moscou et insiste sur sa «neutralité» dans le conflit en Ukraine, n’a pas encore indiqué s’il le ferait.
Le DA explique avoir lancé une requête judiciaire «préventive» pour s’assurer que le gouvernement «respecte ses obligations» et remette Vladimir Putin à la CPI, dans le cas de sa venue en Afrique du Sud. Aucune «ambiguïté judiciaire» ne doit persister, affirme le parti d’opposition. Beau « deux poids, deux mesures », de la part d’Alliance Démocratique puisque celui-ci n’avait pas exigé un tel respect des obligations vis à vis de la CPI lors de la visite de l’ancien président soudanais Omar el-Béchir, en 2016, pourtant lui aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale International, et que l’Afrique du Sud ne lui a pas appliqué. Le « deux poids, deux mesures » étant la grande pratique occidentale qui lui permet de s’autoriser tout ce qu’elle interdit à qui menace son hégémonie planétaire, on est en droit de se questionner sur d’éventuels accords de ce parti avec l’Occident pour accéder à la présidence dans une Afrique du Sud où l’ANC, du fait de son histoire, reste toujours largement majoritaire pour la gouvernance du pays.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’est contenté de dire, mardi, que la Russie serait «dûment représentée» au sommet des BRICS, sans préciser si Vladimir Putin comptait s’y rendre. Moscou «part du principe, bien sûr», que ses partenaires au sein des BRICS ne «seront pas guidés par des décisions illégitimes», à savoir le mandat d’arrêt de la CPI, a-t-il ajouté.
L’action en justice du DA intervient alors que le gouvernement a accordé l’immunité diplomatique aux responsables participant à une réunion des ministres des Affaires étrangères des BRICS, cette semaine, puis au sommet des chefs d’État, en août.
Pretoria critiquée pour sa proximité avec Moscou
Certains lisent cette décision comme une étape préparatoire pour fournir une couverture légale à la visite de Putin, mais Pretoria assure qu’il s’agit d’une procédure standard pour l’organisation de conférences internationales. «Ces immunités n’annulent pas de mandat d’arrêt publié par un tribunal international contre tout participant à la conférence», s’est défendu, mardi matin, le ministère des Affaires étrangères.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Afrique du Sud est critiquée pour sa proximité avec Moscou. En avril, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, avait estimé que le mandat d’arrêt de la CPI contre son homologue russe mettait «des bâtons dans les roues» à l’Afrique du Sud.
la CPI, instrument de l’hégémonie états-unienne et Occidentale
Cyril Ramaphosa avait d’autant plus raison que, lorsque l’on regarde l’origine de la création de ladite Cour Pénal International, celle-ci est née de la décision des Etats-Unis d’Amérique, avec le soutien de ses alliés cocardeaux et des pays qu’il tient en servitude depuis la fin de la seconde guerre mondiale (comme le Japon), ou encore de l’Australie, parce que ce pays est, statutairement membre du Commonwealth, qui correspond à l’ensemble des provinces du royaume de la Grande-Bretagne, premier allié des Etats-Unis d’Amérique.
Cette création de cour de justice supranationale, créée officiellement en 2002, en Italie, est concrètement un outil de renforcement de l’Hégémonie des Etats-Unis d’Amérique sur le monde et de sa grande province vassalisée qu’est le reste de l’Occident, qui peut profiter pour ses propres intérêts politico-économiques. La preuve se fait par le fait que, d’une part, jamais aucun états-unien – ni même le pays en lui-même -, n’ai été sous le coup d’un mandat d’arrêt de cette cour pénale internationale alors que, depuis 2002, les EUA se sont montrés coupables de crimes de guerres considérables en Irak et en Afghanistan. Et, d’autre part, que toutes les personnalités qui ont été sous le coup d’un mandat de la part de la CPI sont, sans exceptions, des dirigeants de pays qui gênent les Etats-Unis d’Amérique et/ou un de ses vassaux occidentaux (il suffit de rappeler le cas de Laurent Gbagbo, président réélu de la Côte d’Ivoire, dont, depuis des années, toutes les preuves ont été apportées qu’il avait bien remporté l’élection présidentielle de 2010, et non pas Alassane Ouattara, qui était le « pion » de la France et de sa fameuse « Françafrique »).
De fait, l’attitude de l’actuel président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, est la plus juste qui soit en faveur de la souveraineté de son pays, mais il faudrait, pour agir concrètement, se retire comme signataire de la reconnaissance de cette CPI qui n’est qu’un des nombreux outils qu’utilise l’ensemble du « monde occidental » pour garder la main mise sur le monde entier. Et qu’importe de se préoccuper du respect du délai légal de retrait de cette cours pénale internationale, qui est de 12 mois, à partir du moment où l’on s’en retire parce que l’on reconnait, officiellement, qu’elle n’a aucune légitimité?
Christian Estevez & Joseph Kouamé