Une attaque, jeudi 5 octobre, contre une académie militaire syrienne a tué plus de 110 personnes, a déclaré un observateur de guerre, les médias d’État accusant les « organisations terroristes » d’être responsables de l’attaque meurtrière de drones sur Homs, tenue par le gouvernement.
En Syrie, une attaque de drone à tué 112 personne dans une académie militaire du pays alors, que, par ailleurs, les raids aériens turcs dans le Nord-Est du pays, aux mains des Kurdes, ont tué au moins 11 personnes, selon les forces kurdes, après qu’Ankara ait menacé de représailles suite à un attentat à la bombe, dimanche 1er octobre, dans la capitale turque.
Dans la ville centrale de Homs, des « organisations terroristes armées » ont pris pour cible « la cérémonie de remise des diplômes des officiers de l’académie militaire », a indiqué un communiqué de l’armée repris par l’agence de presse officielle « SANA ».
L’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé en Grande-Bretagne, a fait état de « 112 morts, dont 21 civils. Selon le communiqué, au moins 120 personnes ont été blessées. Le ministre de la Santé, Hassan al-Ghobash, a déclaré à la télévision d’État que le bilan « préliminaire » était de 80 morts « dont six femmes et six enfants » et environ 240 blessés. Aucune revendication de responsabilité n’a été effectuée dans l’immédiat. L’attaque a été menée avec des « drones chargés d’explosifs », selon le communiqué militaire, s’engageant à « réagir avec toute la force ». Le gouvernement a déclaré trois jours de deuil à partir de ce vendredi 6 octobre.
Dans la région d’Idlib, tenue par les rebelles, les habitants ont fait état d’intenses bombardements de la part des forces gouvernementales, apparemment en représailles. L’OSDH a fait état de huit morts et d’une trentaine de blessés. Des pans entiers de la province d’Idlib sont contrôlés par Hayat Tahrir al-Sham, dirigé par l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaida. Le groupe djihadiste a déjà utilisé des drones pour attaquer des zones contrôlées par le gouvernement.
Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, « est profondément préoccupé par cette attaque de drone », a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric. Il « est également profondément préoccupé par les informations faisant état de bombardements en représailles » dans le Nord-Ouest de la Syrie, a ajouté Dujarric.
Dans la nuit, des bombardements syriens ont tué une femme âgée et quatre de ses enfants dans une zone rebelle de la province d’Alep, ont indiqué les secouristes et l’OSDH. Les médias turcs ont rapporté, jeudi soir, que des unités du MIT d’Ankara avaient lancé de nouvelles frappes sur des cibles dans le Nord-Est syrien contrôlé par les Kurdes, notamment des bâtiments utilisés par les forces kurdes et des « dépôts d’armes et de munitions ». Les forces de sécurité intérieure des Kurdes ont déclaré que la Turquie avait mené 21 frappes dans la région, tuant « 11 personnes, dont cinq civils et six » membres des forces de sécurité.
Le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, a déclaré aux journalistes que des avions de guerre états-uniens F-16 au-dessus de la Syrie avaient abattu, jeudi, un drone turc, le considérant comme « une menace potentielle » après qu’il se soit approché « à moins d’un demi-kilomètre des forces américaines » près de Hassaké.
Mercredi, Ankara a prévenu qu’elle allait intensifier ses raids aériens transfrontaliers, après avoir conclu que les militants qui avaient organisé une attaque le week-end dans la capitale turque venaient de Syrie.
Les Forces démocratiques syriennes, soutenues par les États-Unis d’Amérique, ont mené la bataille qui a délogé les combattants du groupe État islamique de leurs derniers bouts de territoire en Syrie en 2019.
La Turquie considère les Unités de protection du peuple kurde (YPG) qui dominent les FDS comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), répertorié comme groupe terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.
La Turquie a lancé des frappes contre les positions du PKK dans le Nord de l’Irak depuis l’attaque de dimanche à Ankara, qui a blessé deux agents de sécurité turcs et a été revendiquée par le groupe kurde.
Des correspondants de l’AFP dans le Nord-Est de la Syrie ont vu de la fumée s’élever des sites pétroliers près de Qahtaniyeh, près de la frontière turque. Deux centrales électriques de la zone ont également été touchées, ainsi que les abords d’un barrage. Farhad Shami, porte-parole des FDS, l’armée de facto des Kurdes, a déclaré que les frappes visaient des sites militaires et civils. « Il y a eu une nette escalade depuis les menaces turques », a-t-il déclaré. Au marché de la ville de Qamishli, dans la province de Hassaké, les vendeurs ont exprimé leur inquiétude. « La situation s’aggrave chaque jour. La Turquie ne nous laisse pas respirer », a déclaré Hassan al-Ahmad, un marchand de tissus de 35 ans. Le commandant des FDS Mazloum Abdi a démenti, mercredi, que les assaillants d’Ankara aient « traversé notre région ». «
La Turquie cherche des prétextes pour légitimer ses attaques en cours contre notre région », a-t-il déclaré. L’administration kurde a exhorté « la communauté internationale » à « prendre une position capable de dissuader » la Turquie de ses attaques. Les États-Unis d’Amérique, la Russie et la Turquie disposent tous de troupes dans le pays. Entre 2016 et 2019, la Turquie a mené trois opérations majeures dans le Nord de la Syrie contre les forces kurdes.
Le conflit en Syrie a tué plus d’un demi-million de personnes depuis qu’il a débuté en 2011, avec une répression brutale des manifestations antigouvernementales, dégénérant en une guerre dévastatrice impliquant des armées étrangères, des milices et des jihadistes.
Didier Maréchal