Ayant eu des liens étroits avec le président Faure Gnassingbé par le passé, l’ancien chef d’état-major des forces armées togolaises, le général Katanga, fait face à des accusations liées à son rôle présumé dans l’assassinat du colonel Bitala Toussaint Madjoulba en mai 2020. (Avec « Jeune Afrique »).
Ayant eu des liens étroits avec le président Faure Gnassingbé par le passé, l’ancien chef d’état-major des forces armées togolaises fait face à des accusations liées à son rôle présumé dans l’assassinat du colonel Bitala Toussaint Madjoulba en mai 2020.
L’assassinat du colonel Bitala Toussaint Madjoulba, commandant du premier bataillon d’intervention rapide (BIR), qui a eu lieu dans son bureau la nuit du 3 au 4 mai 2020, peu de temps après avoir assisté à l’investiture du président Faure Gnassingbé, soulève des questions sur l’identité de ses meurtriers, les éventuels instigateurs, et ceux qui auraient pu être complices.
La chambre criminelle du tribunal militaire de Lomé s’efforcera de répondre à ces questions cruciales. Le procès, très attendu, a débuté ce lundi 23 octobre au palais de justice de Lomé. Parmi les accusés figure un individu qui avait occupé l’une des positions les plus puissantes au sein de l’armée togolaise.
Le général de division Félix Abalo Kadangha, qui a longtemps été perçu comme un proche du président Gnassingbé, y compris en tant qu’époux de sa sœur, a été arrêté le 12 janvier dernier. Il a occupé le poste de chef d’état-major des Forces armées togolaises (FAT) de 2013 à 2020, mais a depuis perdu en influence et est maintenant accusé de « complicité d’assassinat, complicité d’entrave au bon fonctionnement de la justice et de complot contre la sécurité intérieure de l’État ». Des accusations similaires pèsent également sur plusieurs officiers et militaires, qui se retrouvent également sur le banc des accusés.
Bien que le procès ne soit pas officiellement à huis clos, l’accès au palais de justice a été restreint par des forces de l’ordre positionnées derrière des barrières de sécurité. Selon une source judiciaire contactée par le média « Jeune Afrique », il s’agit d’un procès ouvert au public, mais des mesures ont été prises pour éviter des comportements inappropriés liés à l’utilisation non contrôlée des appareils téléphoniques pour filmer et enregistrer, conformément au code de procédure pénale.
Il est important de noter que cette affaire est délicate. L’assassinat du colonel Madjoulba, qui était également considéré comme proche du président togolais et dont le frère, Calixte, est devenu un ministre de la Sécurité influent au début de septembre, a fait sensation. Cela est dû à la personnalité très appréciée de la victime au sein de l’armée, ainsi qu’au statut des accusés. De plus, cette affaire a mis en lumière les dissensions internes au sein de l’armée.
L’enquête elle-même a duré près de trois ans, faisant intervenir des experts balistiques, des commissions rogatoires pour interroger plusieurs militaires, et une révision du code de justice militaire.
Le général Kadangha, qui approche de ses 60 ans, a été l’un des hauts gradés les plus redoutés au sein de l’armée. Son parcours l’a conduit du collège militaire Eyadéma de Tchitchao à Kara, à une formation en Côte d’Ivoire, puis à l’École de l’artillerie de Draguignan en France, et enfin au Collège royal de l’enseignement militaire supérieur (CREMS) au Maroc. Avant d’assumer la fonction de chef d’état-major en 2013, il a également dirigé la Force d’intervention rapide (FIR) de 2002 à 2012.
Joseph Kouamé