Portugal : le président dissout le Parlement et convoque des élections législatives anticipées suite à un scandale de corruption

Un scandale de corruption ébranle la classe politique et a conduit à la démission du Premier ministre socialiste, Antonio Costa. Des élections législatives anticipées sont prévues pour le vendredi 10 mars 2024.

Des élections législatives anticipées auront lieu le 10 mars 2024 au Portugal. Cette mesure fait suite à la démission du Premier ministre, Antonio Costa, accusé d’implication dans un scandale de « corruption » et de « trafic d’influence ».

Le 9 novembre, le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, a annoncé la dissolution du Parlement et la tenue d’élections législatives anticipées le 10 mars 2024 pour surmonter la crise résultant de la démission du Premier ministre socialiste, Antonio Costa, impliqué dans un scandale de corruption. Cependant, il restera en charge du gouvernement jusqu’à ce que son successeur entre en fonction.

Le président conservateur a pris cette décision après avoir écouté pendant près de quatre heures les membres du conseil d’État, une instance consultative, sur la situation du pays. M. Rebelo de Sousa a opté pour la convocation d’élections, conformément aux demandes des principaux partis de l’opposition de droite et de gauche, même si les membres du conseil d’État semblaient ne pas y être favorables, a-t-il précisé.

La décision d’opter pour des élections semble également être soutenue par une majorité de Portugais, avec près des deux tiers en faveur, selon un sondage réalisé par l’Institut Aximage et publié jeudi dans le quotidien « Correio da Manha ». Cependant, le chef de l’État n’a pas retenu l’option défendue par les socialistes, qui auraient préféré éviter des élections en proposant un nouveau Premier ministre gouvernant avec la majorité dont ils disposent au Parlement depuis 2022.

« Le pays n’avait pas besoin d’être à nouveau appelé aux urnes » dans « un contexte de grande incertitude internationale », a estimé M. Costa à son arrivée jeudi soir au siège du Parti socialiste à Lisbonne, ajoutant qu’il avait proposé le nom de Mario Centeno, actuel gouverneur de la Banque du Portugal et ancien ministre des finances, pour prendre la tête d’un nouveau gouvernement. Mais le président a jugé cette solution trop «fragile ».

Le principal parti de l’opposition de droite a de son côté, applaudi la décision du président. « Il était inévitable de redonner la parole aux Portugais » afin de « rétablir le prestige, la crédibilité et la confiance dans les institutions démocratiques », a aussitôt réagi Luis Montenegro, président du Parti social démocrate (PSD).

La décision de convoquer des élections dans quatre mois permettra également au gouvernement d’adopter le budget de l’État pour l’année prochaine, dont le vote final est prévu le 29 novembre. Cela assurera « la stabilité économique et sociale indispensable » au pays, a rappelé le président.

Le Premier ministre a créé la surprise en démissionnant mardi, suite à son implication dans un scandale de corruption. Cette affaire a déjà conduit à l’inculpation de son ministre des infrastructures, Joao Galamba, et à l’arrestation de son chef de cabinet, Vitor Escaria, qui a été limogé jeudi. L’enquête porte notamment sur des soupçons de « corruption » et de « trafic d’influence » dans l’attribution de concessions pour l’extraction de lithium et la production d’hydrogène vert, selon le parquet. Soupçonné d’être intervenu « pour débloquer des procédures » dans le cadre de cette affaire, Antonio Costa fera l’objet d’une enquête autonome. Il s’est défendu d’avoir commis une quelconque illégalité.

Arrivé au pouvoir en 2015, il était l’un des rares socialistes à la tête d’un gouvernement européen. Il a profité d’une conjoncture favorable pour détricoter les mesures d’austérité mises en œuvre par la droite en échange d’un plan de sauvetage international accordé en 2011, tout en continuant à assainir les comptes publics. Après sa large victoire électorale le 30 janvier 2022, qui lui a donné une majorité absolue censée garantir la stabilité de son gouvernement, M. Costa a vu sa popularité dégringoler en raison de scandales à répétition.

Didier Maréchal

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