Selon un rapport confidentiel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran aurait considérablement augmenté son stock d’uranium enrichi ces derniers mois, poursuivant ainsi une escalade nucléaire, bien que l’État nie toute intention de développer une arme nucléaire. En outre, l’AIEA a critiqué la décision de l’Iran d’empêcher plusieurs de ses inspecteurs d’accéder à ses installations.
Selon un rapport confidentiel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), consulté par l’AFP, l’Iran aurait considérablement augmenté, récemment, son stock d’uranium enrichi, continuant ainsi son escalade nucléaire, bien qu’il nie toute intention de se doter de l’arme atomique. Cette information émerge à une semaine d’une réunion du Conseil des gouverneurs à Vienne.
Les stocks s’élevaient à 4 486,8 kg à la date du 28 octobre dernier (contre 3 795,5 kg mi-août de cette même année 2023), soit plus de 22 fois la limite autorisée par l’accord international de 2015 encadrant les activités atomiques de Téhéran en échange d’une levée des sanctions internationales.
L’Iran enrichit en outre à des niveaux élevés, loin du plafond fixé à 3,67 % équivalant à ce qui est utilisé dans les centrales nucléaires pour la production d’électricité : il dispose désormais de 567,1 kg (contre 535,8 kg auparavant) enrichis à 20 % et de 128,3 kg à 60 % (contre 121,6 kg). Dans le cas du seuil de 60 %, proche des 90 % nécessaires pour fabriquer une arme atomique, Téhéran a cependant ralenti depuis le printemps le rythme de production.
Certains spécialistes voient cela comme un possible signe de la volonté de l’Iran de calmer la situation, surtout après la reprise de pourparlers informels avec les États-Unis d’Amérique. Cependant, ces dernières semaines, les tensions entre ces deux ennemis ont augmenté suite au conflit entre Israël et le groupe terroriste Hamas palestinien, que Washington et Téhéran accusent mutuellement d’aggraver.
La décision de l’Iran d’interdire l’accès de ses installations à plusieurs inspecteurs de l’AIEA a par ailleurs « directement et gravement affecté » la capacité à contrôler son programme nucléaire. Ce geste « sans précédent », qui cible des nationalités en particulier, est « extrême et injustifié », condamne l’Agence dans un autre rapport confidentiel.
D’après une source diplomatique, huit experts, dont des Français et des Allemands, sont concernés. Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA, a reçu une réponse de Téhéran mercredi, justifiant la révocation de l’accréditation des inspecteurs par un « droit » tout en exprimant une volonté d' »explorer les possibilités » de revenir sur cette décision. Concernant d’autres aspects, l’organisation onusienne a une nouvelle fois critiqué le manque de coopération de la République islamique.
Depuis des mois, l’AIEA condamne la déconnexion de nombreuses caméras de surveillance et le manque d’explications concernant les traces d’uranium découvertes sur deux sites non déclarés, Turquzabad et Varamin.
Joseph Kouamé