Depuis plusieurs jours, la ville de Ménéka voit arriver en masse des déplacés, qui se chiffrent par milliers et continuent d’arriver quotidiennement depuis le début de la semaine dernière. Ces personnes viennent de la localité d’Anderamboucane, située dans le nord-est du Mali, près de la frontière avec le Niger. Elles fuient les violences de l’État islamique au Sahel, qui a le contrôle de la région, ainsi que les bombardements de l’armée malienne. (Source : RFI).
Depuis mardi dernier, ils affluent en convois de camions, principalement composés de femmes et d’enfants. Selon le HCR (Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés), plus de 2 500 individus ont déjà atteint Ménaka. Plusieurs centaines d’autres ont apparemment décidé de traverser la frontière vers le Niger, se dirigeant vers Chinagodar et Abala.
« Démunis, sans abri, ni nourriture ni eau, ces déplacés ont besoin de protection et attendent l’aide humanitaire », alerte le représentant du HCR au Mali, Mohamed Askia Touré.
Tous ces déplacés viennent d’Anderamboucane. En mars de l’année dernière, les jihadistes de l’État islamique au Sahel (EIS) avaient lancé une vaste offensive dans toute la région de Ménaka, qui avait fait plus d’un millier de morts, selon les sources communautaires locales, au cours d’effroyables massacres. Anderamboucane, saccagée, s’était vidée de ses habitants et était devenu un village fantôme. Puis, progressivement, des familles avaient tenté d’y reprendre leur vie, sous la coupe des jihadistes de l’EIS (Etat Islamique au Sahel – ndlr).
Mais depuis plusieurs semaines, les armées malienne et nigérienne mènent des opérations antiterroristes avec notamment des frappes aériennes, des deux côtés de la frontière. C’est ce qu’ont confirmé à RFI plusieurs sources civiles et sécuritaires locales.
Les déplacés, qui ont subi pendant plus d’un an le joug des jihadistes, arrivent à Ménaka en ayant à nouveau tout perdu. Ils y sont pris en charge par le MSA (Mouvement pour le salut de l’Azawad), groupe armé local allié à l’État malien, et par la gendarmerie nationale. Qui s’efforcent d’identifier et de « filtrer » les nouveaux arrivants. Car leur immense détresse n’exclut pas les soupçons que des jihadistes se mêlent à eux pour entrer à Ménaka.
Joseph Kouamé