Azerbaïdjan : après sa victoire militaire dans le Haut-Karabakh, le président Aliev ordonne une élection présidentielle anticipée

Après avoir remporté récemment la bataille au Haut-Karabakh, le président Ilham Aliev a demandé, jeudi 7 décembre, à la Commission électorale, d’organiser les élections pour le 7 février 2024. (Source : AFP).

Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, fort de sa récente victoire militaire au Haut-Karabakh, a annoncé, ce jeudi 7 décembre, convoquer une élection présidentielle anticipée le 7 février 2024, premier pas vers un prolongement de son règne autoritaire sur ce pays du Caucase.

Les élections étaient prévues en 2025, mais Ilham Aliev, au pouvoir depuis 2003, semble vouloir profiter de la réussite de son offensive éclair contre les séparatistes arméniens, qui lui a permis de reconquérir l’enclave du Haut-Karabakh en septembre.

Quelque 75% des Azerbaïdjanais approuvent sa gestion de ce conflit, selon un sondage d’opinion du centre de recherche sociale du pays, une institution publique. «Il est au sommet de sa popularité», estime l’analyste politique indépendant Farhad Mamedov, jugeant que sa cote était «montée en flèche après l’opération militaire victorieuse au Karabakh».

Au pouvoir depuis 20 ans

Engagés depuis des décennies dans un conflit territorial portant sur cette région, l’Azerbaïdjan et l’Arménie se sont livré deux guerres, l’une entre 1988 et 1994 et l’autre à l’automne 2020. Mais la victoire azerbaïdjanaise de septembre a forcé les séparatistes arméniens du Karabakh à rendre les armes, offrant enfin à Bakou ce territoire qui échappait à son contrôle. La quasi-totalité de la population arménienne du Haut-Karabakh, plus de 100’000 personnes sur les 120 000 recensées, a depuis fui vers l’Arménie voisine.

Ilham Aliev, 61 ans, a succédé à son père Heydar Aliev, un ancien officier du KGB qui avait gouverné presque sans interruption de 1969 à 2003. Depuis, le fils dirige d’une main de fer cette ex-république soviétique riche en hydrocarbures et réprime toute opposition.

En 2018, il a été réélu sans surprise avec 86% des voix, après un scrutin entaché par de «graves irrégularités», selon des observateurs internationaux. Ses plus ardents soutiens saluent les réussites économiques de ce pays devenu fournisseur d’énergie pour l’Europe, Ursula Von Der Leyen s’étant chargé, elle-même, sans mandat, ni des chefs d’Etat de l’Union Européenne, et alors qu’elle a été placé à la tête de la présidence de la comission européenne par « petits arrangements », sans vote de la part des citoyens de l’Union Européenne, de décider du contrat, affirmant que « l’Azerbaïdjan est un pays sûr », et au nom du combat « contre le mal » que serait la Russie. Les critiques, en revanche, assurent qu’Ilham Aliev a muselé les médias et utilisé son pouvoir pour enrichir son clan.

Journalistes muselés

Ces dernières semaines, le régime a multiplié les poursuites judiciaires contre les rares reporters indépendants qui travaillent encore dans le pays. Ilham Aliev a, lui, toujours démenti toutes les accusations de corruption et de violation des droits humains le visant.

Le président a fait approuver par référendum, en 2009, un changement de Constitution l’autorisant à effectuer un nombre illimité de mandats. Et un nouveau changement constitutionnel, en 2016, a étendu le mandat présidentiel à sept ans. La même année, il a nommé première vice-présidente sa femme Mehriban Alieva.

Didier Maréchal

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