Les autorités du land Saxe-Anhalt, de l’Est de l’Allemagne, ont décidé de ne délivrer la nationalité allemande qu’aux personnes reconnaissant par écrit l’existence de l’État hébreu. Le décret instaurant cette mesure a été publié par le ministère de l’Intérieur de ce Land gouverné par les chrétiens-démocrates, les sociaux-démocrates et les libéraux, près de deux mois après l’attaque meurtrière du Hamas contre l’État hébreu.
En Allemagne, le Land de Saxe-Anhalt a récemment instauré une mesure drastique en reliant l’obtention de la nationalité allemande à la reconnaissance de l’État d’Israël. Au niveau fédéral, un projet de réforme similaire est actuellement en cours d’examen.
Dans ce Land situé dans l’ancienne Allemagne de l’Est, dirigé par Reiner Haseloff, de l’Union chrétienne-démocrate, qui se positionne « indéfectiblement aux côtés d’Israël », les compromis sont exclus lorsqu’il s’agit du passé, particulièrement marqué par la Shoah. Suite à une décision prise par les autorités locales le 5 décembre dernier, tout individu désirant obtenir la nationalité allemande devra dorénavant préalablement reconnaître l’existence légitime de l’État d’Israël.
Concrètement, en plus des documents déjà requis pour évaluer l’intégration tels que les preuves de revenus ou les contributions diverses, les postulants à la citoyenneté devront présenter une déclaration écrite attestant de la reconnaissance de l’État d’Israël, de sa légitimité, et déclarer qu’ils condamnent toute action visant à contester l’existence de cet État.
C’est une procédure totalement singulière en Europe. À Magdebourg, capitale de la Saxe-Anhalt, ville natale de Georg Philipp Telemann et de Carl von Clausewitz, les médias locaux soulignent que le Land a trouvé ce moyen pour identifier et sanctionner ceux qui refusent de se conformer à cette condition préalable.
Plusieurs personnalités politiques ont clairement déclaré que la reconnaissance du droit d’Israël à exister est une question fondamentale pour l’Allemagne et que leur pays a une responsabilité historique spéciale envers la protection du peuple juif et le soutien à l’État hébreu.
Il est encore un peu tôt pour savoir si la mesure pourrait être étendue au niveau fédéral. Mais le chef de l’opposition chrétienne-démocrate, Friedrich Merz, s’est prononcé en faveur de cette mesure.
Parmi ses arguments, il souligne la prolifération des slogans antisémites entendus lors des manifestations dites » pro-palestiniennes », bien que, selon les détracteurs de cette mesure, la « haine des Juifs » ne soit pas «l’apanage des Allemands issus de l’immigration ».
Cependant, un consensus national semble émerger. Par exemple, la coalition au pouvoir – regroupant les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux – envisage d’inclure dans un projet de réforme du droit de la nationalité le principe selon lequel les attitudes ou comportements antisémites seront un motif d’exclusion pour la naturalisation. L’Allemagne reste profondément marquée par son passé, ce qui lui impose des responsabilités morales durables.
Didier Maréchal