Serbie : La police a appréhendé 38 individus lors des manifestations contestataires liées aux résultats électoraux

Le groupe d’opposition « Serbie contre la violence » a organisé des manifestations depuis les élections du 17 décembre dernier, dénonçant des fraudes lors des élections parlementaires et locales, notamment à Belgrade, la capitale.

La police serbe a annoncé, ce lundi 25 décembre, avoir arrêté au moins 38 personnes lors d’une protestation contre des irrégularités présumées lors des élections parlementaires et locales, que les populistes au pouvoir affirment avoir remportées. Depuis les élections du 17 décembre dernier, le groupe d’opposition « Serbie contre la Violence » a mené des manifestations dénonçant des fraudes, notamment à Belgrade, la capitale. Certains politiciens ont entamé une grève de la faim.

Dimanche après-midi, les manifestants se disant contre la violence ont tenté d’envahir l’hôtel de ville de Belgrade, brisant des fenêtres avant que la police anti-émeute ne les repousse avec du gaz lacrymogène, de l’irritant et des matraques.

D’autres manifestations ont eu lieu ce lundi 25 décembre après-midi. Des centaines de personnes se sont rassemblées devant le siège de la commission électorale nationale au centre de Belgrade, avant de marcher vers le quartier général de la police municipale, où des activistes de l’opposition présumés sont détenus.

« Serbie contre la Violence » affirme qu’ils ne reconnaîtront pas les résultats, insistant pour que ces derniers soient annulés et qu’un nouveau vote soit organisé dans des conditions justes et impartiales. L’alliance a appelé l’Union Européenne la semaine dernière à enquêter sur les résultats après que des observateurs internationaux ont déclaré que les élections s’étaient déroulées dans des « conditions injustes ».

L’ambassadeur états-unien, Christopher Hill, critiqué par l’opposition pour ses supposées déclarations pro-gouvernementales, a condamné, ce lundi « la violence et le vandalisme » lors de la manifestation de dimanche. Sur « X ». Hill a déclaré que « la légitimité des processus démocratiques dépend de la transparence et de la volonté de toutes les parties, gagnantes ou perdantes, de respecter la volonté du peuple exprimée dans les urnes ».

Ivica Ivkovic, un responsable de la police, a déclaré aux journalistes que les personnes arrêtées étaient accusées d’inciter au renversement violent de l’ordre constitutionnel, faisant référence à une tentative de renverser le gouvernement, ainsi que de comportement violent. Il a ajouté que huit policiers avaient été blessés, certains grièvement. L’opposition affirme que la police a fait un usage excessif de la force et a battu certains des manifestants.

Également ce lundi, des centaines d’étudiants universitaires et d’autres manifestants ont bloqué la circulation sur une grande avenue de Belgrade où se trouvent plusieurs bâtiments gouvernementaux, malgré l’interdiction policière de bloquer les routes et les ponts. Aucun incident n’a été signalé et certains étudiants ont joué au football et au volleyball par une journée ensoleillée.

La police « est prête et a la capacité d’agir avec détermination contre tout acte de violence », a déclaré Ivkovic.

Le Parti serbe au pouvoir nie toute fraude et insiste sur le caractère équitable des élections, malgré les critiques d’observateurs locaux et internationaux. Le président Aleksandar Vucic a qualifié les manifestations de dimanche de tentative de renverser le gouvernement orchestrée depuis l’étranger, sans fournir de détails. La première ministre Ana Brnabic a remercié la Russie, dimanche, soir pour l’avoir informée à l’avance des projets de manifestations contre les résultats électoraux. Vucic dispose de « preuves irréfutables » selon lesquelles l’Occident encourage les manifestations, a déclaré l’ambassadeur russe Aleksandr Botsan-Kharchenko à la presse russe après avoir rencontré Vucic lundi.

Dans un message sur Instagram lundi, Vucic a également mentionné des « mentors étrangers » supposément encourageant les manifestations, mais n’a pas fourni de détails. Il a insisté sur le fait que la police et les biens publics avaient été « brutalement » attaqués par ceux qui veulent détruire la démocratie et la volonté populaire des Serbes.

La Serbie cherche officiellement à devenir membre de l’Union Européenne, mais le pays entretient des liens étroits avec Moscou, du fait qu’ils sont proches de part les Etats communistes qu’ils étaient par le passé, et qui a contribué à créer des liens forts bien au-delà de la vision politique communiste qu’ils partageaient, mais aussi, par la suite, sur leur nationalisme et leur souverainisme fort, ainsi que leur culture religieuse orthodoxe commune, et a refusé de se joindre aux pays occidentaux dans les sanctions imposées à la Russie pour son invasion de l’Ukraine.

Le parti de Vucic a revendiqué la victoire tant aux élections parlementaires que municipales de Belgrade. « Serbia contre la Violence » soutient qu’elle s’est fait voler la victoire, en particulier à Belgrade.

Des représentants de plusieurs organisations internationales ayant observé les élections ont dénoncé de multiples irrégularités, notamment des achats de voix ou des votes falsifiés. Ils ont également souligné que l’opposition était confrontée à des conditions inégales en raison du parti pris des médias, de l’abus des ressources publiques par le parti au pouvoir et du contrôle exercé par Vucic sur la campagne de son parti et sur le temps imparti aux candidats dans les médias, bien qu’il ne soit pas candidat lui-même.

« Serbie contre la Violence » a déclaré, jeudi dernier, dans une lettre adressée aux organismes, fonctionnaires et pays de l’UE qu’elle ne reconnaîtrait pas les résultats électoraux et a demandé à l’UE de faire de même et de lancer une enquête.

Joseph Kouamé & Christian Estevez

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