La France a assuré prendre la décision d’expulser deux diplomates azerbaïdjanais après l’expulsion de deux diplomates français accusés d’activités «incompatibles avec leur statut» par l’Azerbaïdjan. (Source : AFP).
Comme nous l’avons indiqué dans l’un de nos article d’hier, l’Azerbaïdjan a annoncé, mardi 26 décembre, l’expulsion de deux diplomates français pour des activités «incompatibles avec leur statut», dans un contexte de tensions entre les deux pays au sujet du soutien de Paris à l’Arménie. L’ambassadrice de France, Anne Boillon, a été convoquée au ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères pour se faire notifier «une protestation ferme contre des actes de deux employés de l’ambassade de France incompatibles avec leur statut diplomatique», a indiqué la diplomatie azerbaïdjanaise dans un communiqué, sans plus de détails. Les deux diplomates doivent quitter l’Azerbaïdjan sous 48 heures, selon la même source.
Le ministère des Affaires étrangères français a, pour sa part, annoncé, mercredi soir que deux diplomates azerbaïdjanais allaient être expulsés «par mesure de réciprocité». Paris «réfute catégoriquement les allégations présentées par l’Azerbaïdjan pour justifier sa décision» concernant les diplomates français, accusés sans plus de détails d’avoir mené des activités «incompatibles avec leur statut», selon un communiqué.
Campagne de «déstabilisation»
Ces derniers mois, l’Azerbaïdjan a accusé la France de «déstabiliser» le Caucase en apportant son aide à l’Arménie, rival de Bakou dont elle est un soutien historique. En novembre, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, avait accusé Paris de favoriser de «nouvelles guerres» en armant Erevan. L’Arménie et l’Azerbaïdjan entretiennent des relations conflictuelles, notamment à cause du Haut-Karabakh, territoire séparatiste que Bakou a reconquis en septembre. Les deux voisins s’étaient affrontés lors de deux guerres pour le contrôle de cette enclave, l’une entre 1988 et 1994 et l’autre à l’automne 2020. Bakou et Erevan ont récemment annoncé leur volonté de normaliser leurs relations et assurent qu’un accord de paix pourrait être signé prochainement, mais les pourparlers n’avancent guère et risquent d’être encore plus ralentis du fait que le gouvernement indépendantiste arménien du Haut-Karabakh ai annoncé, le 22 décembre, qu’il ne se dissoudrait pas le 1er janvier 2024, comme prévu dans les accords.
La France, terre d’accueil d’une importante diaspora arménienne, s’est impliquée ces derniers mois dans la médiation entre ces deux anciennes républiques soviétiques, et a, en outre, affiché son soutien sans faille à l’Arménie. Dans ce contexte, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a refusé de se rendre en octobre à un sommet européen à Grenade (Espagne) et de participer à une réunion avec le président français Emmanuel Macron, affirmant qu’il avait des positions biaisées en faveur des Arméniens. Fin novembre, l’Azerbaïdjan a par ailleurs accusé la France, l’Allemagne et les États-Unis d’Amérique d’être impliqués dans le «financement illégal» d’un média d’investigation récemment visé par deux arrestations.
Didier Maréchal