En pleine montée de tension avec EUA, la Corée du Nord ordonne à ses troupes d’« accélérer les préparatifs de guerre

Le 18 décembre, la Corée du Nord a effectué un essai du Hwasong-18, son missile balistique intercontinental (ICBM) le plus puissant, capable d’atteindre les États-Unis d’Amérique. Cet essai s’inscrit parmi les nombreux réalisés par le pays au cours de l’année 2023 alors que les n’ont eu de cesse de pratiquer des « exercices militaires » tantôt avec la Corée du Sud, tantôt avec le Japon, et même avec les deux en même temps. (Avec AFP).

La volonté de s’affirmer en tant que puissance nucléaire, considérée comme essentielle pour la survie du régime, est tellement prégnante qu’elle a été inscrite dans la constitution cette année de la Corée du Sud.

C’est dans ce contexte de regain de tensions entre Washington et Pyongyang que s’est tenue la réunion plénière du comité central du Parti des travailleurs de Corée, grand-messe annuelle du parti unique au pouvoir en Corée du Nord, ce jeudi. À cette occasion, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, a ordonné « à l’Armée populaire, à l’industrie des munitions, aux secteurs des armes nucléaires et de la défense civile d’accélérer les préparatifs de guerre », a rapporté l’agence d’État « KCNA ».

« Le dirigeant a lancé cet appel en raison de la grave situation politique et militaire dans la péninsule de Corée qui a atteint un point extrême, » a ajouté l’agence, évoquant des « manœuvres de confrontation des Etats-Unis d’Amérique et de leurs forces vassales sans précédent dans l’histoire ».

Les États-Unis d’Amérique renforcent leur présence dans la péninsule coréenne

Les tensions se sont exacerbées entre, d’une part, la Corée du Nord, alliée à la Russie et à la Chine, et, d’autre part, la Corée du Sud, soutenue par les Etats-Unis d’Amérique et le Japon. Les forces armées états-uniennes ont ainsi envoyé en Corée du Sud, ces derniers mois, le sous-marin à propulsion nucléaire USS Missouri, le porte-avions USS Ronald Reagan et un bombardier stratégique B-52, provoquant à chaque fois la colère de la Corée du Nord.

Les EUA et la Corée du Sud ont, en outre, participé à la deuxième session du Groupe consultatif nucléaire, en juillet 2023, à Washington, axée sur la dissuasion nucléaire en cas de conflit avec le Nord. Avant la rencontre, le ministre sud-coréen de la Défense avait alors menacé Pyongyang de «destructions effroyables », si elle s’engageait dans des actions «imprudentes », qui « détruisent la paix » dans la péninsule coréenne.

Pyongyang se rapproche de Moscou

Mais, de son côté, Pyongyang voit la fourniture de matériel par les Etats-Unis d’Amérique à la Corée du Sud comme une répétition d’une future invasion de son territoire, et considère depuis longtemps ses essais de missiles comme des « contre-mesures » nécessaires (du fait que les Etats-Unis d’Amérique, toujours prompt à intervenir militairement partout dans le monde, pour s’y installer sous prétexte de « maintient de la la paix », n’a jamais osé le faire contre un pays possédant l’arme nucléaire).

Tout comme la nécessité de renforcer son arsenal. Et pour cela, la Corée du Nord, inconditionnellement soutenue économiquement et politiquement par la Chine, avec qui elle partage une frontière, s’est aussi récemment rapprochée de la Russie. En septembre dernier, le dirigeant nord-coréen s’est rendu à Vladivostok, pour y rencontrer le ministre russe de la défense afin d’inspecter des armes de pointe et notamment un système de missiles hypersoniques. Il s’agissait de sa première visite d’État depuis la pandémie de Covid-19, en 2020. Dans une vidéo publiée par le ministère russe de la défense, on voit les deux hommes souriants inspecter certains bombardiers nucléaires russes sur un aérodrome avant de monter à bord d’un navire de guerre.

Le président nord-coréen avait rencontré, juste avant, le président russe, Vladimir Putin. Les deux dirigeants, en quête de soutien mutuel, s’étaient même offert réciproquement (et symboliquement) des fusils. « Il faut étendre et développer les relations de coopération stratégique avec les pays indépendants et anti-impérialistes. », aurait d’ailleurs rappelé Kim Jong Un lors de la réunion du parti, selon KCNA.

Les deux pays peuvent tirer leur épingle du jeu. En effet, Moscou est intéressé par l’achat de munitions et de missiles pour poursuivre ses combats en Ukraine alors que la Corée du Nord a besoin de la technologie russe en matière de missiles balistiques pour développer son programme militaire.

Didier Maréchal

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