Ce mardi 20 février, des agriculteurs polonais ont bloqué environ une centaine de routes et des points de passage frontaliers en direction de l’Ukraine. (Avec AFP).
Une centaine de routes et de points de passage frontaliers vers l’Ukraine étaient bloqués par des agriculteurs polonais ce mardi 20 février. Ces derniers accusent Kiev de « concurrence déloyale », pointant du doigt des importations agroalimentaires ukrainiennes jugées « incontrôlées » à cause de l’exemption des droits de douane accordée aux produits agricoles ukrainiens et de réclamer une révision des règles européennes. Ces actions s’inscrivent dans un large mouvement de protestations de paysans à travers le continent européen, reprenant généralement les mêmes revendications.
Des dizaines de tracteurs ont afflué à Ryki, à 100 kilomètres au Sud-Est de Varsovie, d’où ils sont partis bloquer la voie rapide S17 menant vers la ville de Lublin et plus loin vers la frontière avec l’Ukraine. Les agriculteurs ont arboré sur leurs véhicules des drapeaux blanc et rouge de la Pologne, avec des pancartes clamant « Stop à l’afflux incontrôlé de marchandises ukrainiennes » ou « L’agriculture se meurt petit à petit ». Cette année, « le blé se vend la moitié du prix de l’année dernière », a déclaré Tomasz Golak, l’un des participants. Selon un autre agriculteur, Michal Magnuszewski, les politiques européennes sont en « échec total ».
Le président Volodymyr Zelensky avait estimé, la veille (lundi 19 février) que le blocus de la frontière polonaise par des camionneurs et des agriculteurs polonais témoignait de « l’érosion de la solidarité » envers son pays. Cette querelle et les accusations de « concurrence déloyale » ukrainienne a tendu les relations entre Kiev et Varsovie, qui a été depuis le début de l’offensive russe l’un des plus fervents soutiens de l’Ukraine.
Un texte examiné par les membres de l’UE
La semaine dernière, des agriculteurs polonais en colère avaient déversé une cargaison de céréales ukrainiennes sur la chaussée, ce qui avait suscité de vives réactions en Ukraine, un pays à forte tradition agricole. Depuis le début de la guerre, le trafic routier avec la Pologne a été crucial pour permettre aux entreprises ukrainiennes de continuer à exporter. Mais cela a provoqué la colère des agriculteurs et des entreprises de transport polonais, qui se plaignent des tarifs ukrainiens, avec lesquels ils ne peuvent rivaliser.
La Commission européenne a proposé, fin janvier, de renouveler pour une année supplémentaire, à partir de juin, l’exemption de droits de douane accordée à l’Ukraine depuis le printemps 2022 pour soutenir le pays en guerre. Mais en l’assortissant de « mesures de sauvegarde » pour limiter l’impact des importations. Ainsi, « des mesures correctives » pourraient être adoptées en cas de « perturbations importantes » sur le marché, et pour trois produits : volaille, œufs, sucre.
Ce texte, désormais examiné par les Etats membres et eurodéputés, ne satisfait par le Copa-Cogeca (l’organisation réunissant les syndicats agricoles majoritaires de l’UE) et cinq organisations européennes représentant des secteurs-clé (betterave, céréales-oléagineux, volaille, œufs).
Joseph Kouamé