Le Japon a sollicité des clarifications de la part de la Corée du Sud suite à l’obligation imposée à une entreprise japonaise de verser des indemnités en réparation des années de travail forcé pendant l’occupation japonaise de la péninsule coréenne jusqu’en 1945.
Ce 21 février 2024, Tokyo a appelé l’ambassadeur de Corée du Sud pour exprimer sa protestation suite au paiement involontaire par une entreprise japonaise d’indemnités liées à la délicate question du travail forcé pendant l’occupation japonaise de la péninsule coréenne jusqu’en 1945.
Ces dernières années, les relations entre les deux pays ont souvent été tendues en raison de contentieux historiques liés à la colonisation de la péninsule coréenne par le Japon (1910-1945). Cependant, depuis l’accession au pouvoir en 2022 du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, qui cherche à renforcer les liens avec le Japon pour faire face ensemble aux défis géopolitiques en Asie, notamment ceux posés par la Corée du Nord, les relations ont connu une amélioration.
L’année dernière, M. Yoon a dévoilé un mécanisme d’indemnisation pour les victimes de travail forcé, bien que sans la participation directe du Japon. Séoul a simplement invité les entreprises japonaises concernées à contribuer volontairement à ce programme, mais jusqu’à présent, aucune n’a répondu favorablement.
La famille d’une victime, qui avait gagné en décembre un procès dans ce dossier contre le constructeur naval japonais « Hitachi Zosen », a cependant perçu cette semaine de l’argent provenant de cette société. La somme a été retirée d’un dépôt de garantie de « Hitachi Zosen » après que cette entreprise avait été enjointe en décembre par la Cour suprême sud-coréenne de payer 50 millions de wons (près de 35 000 €) de dommages-intérêts à cette victime. Ce versement inédit a irrité Tokyo, qui maintient que tous les contentieux avec Séoul liés à la colonisation ont été réglés par un traité bilatéral conclu en 1965.
Selon Séoul, environ 780 000 Coréens ont été soumis au travail forcé durant les 35 ans d’occupation japonaise, sans compter les femmes raflées à travers l’Asie, y compris en Corée, pour servir d’esclaves sexuelles aux soldats japonais durant la deuxième Guerre mondiale, connues sous le terme des « femmes de réconfort ».
Tokyo a convoqué l’ambassadeur de Corée du Sud, Yun Duk Min, pour lui faire part de « sa ferme protestation » contre le déblocage du dépôt de garantie de « Hitachi Zosen », et a jugé l’affaire « extrêmement regrettable », a rapporté, mercredi, le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshimasa Hayashi.
Lors d’une rencontre mercredi, en marge du sommet des ministres des Affaires étrangères du G20 à Rio, le chef de la diplomatie japonaise, Yoko Kamikawa, et son homologue sud-coréen, Cho Tae Yul, ont réaffirmé leur engagement à coopérer sur le dossier nord-coréen. « Les deux ministres ont eu un échange de vues sur la Corée du Nord, qui continue ses provocations, et sont convenus de continuer à travailler ensemble », a déclaré le ministère japonais sur « X ».
Néanmoins, M. Kamikawa a également fait part de ses « vifs regrets à propos du dossier « Hitachi Zosen », source de dommages et de coûts importants pour ladite entreprise », a poursuivi ce communiqué.
Un porte-parole de « Hitachi Zosen » interrogé par l’AFP a aussi déclaré que le groupe n’avait pas changé de point de vue sur cette affaire, estimant le sujet clos depuis le traité bilatéral de 1965, comme le gouvernement nippon.
Joseph Kouamé