Le Festival du film de Berlin 2024 est accusé de propager l’antisémitisme

Le Festival de Berlin fait face à des accusations de propagation de l’antisémitisme. La polémique a été alimentée par des déclarations de cinéastes lors de la cérémonie de remise des prix, accusant Israël de génocide en raison des bombardements ayant causé près de 30 000 décès à Gaza, principalement des civils selon le ministère de la Santé du Hamas.

Le festival de cinéma de Berlin s’est retrouvé, ce dimanche 25 février, au centre d’une polémique, accusé d’avoir servi de plateforme pour des déclarations antisémites de metteurs en scène lors de la remise des prix la veille, en lien à la guerre d’Israël contre le Hamas. « L’antisémitisme n’a pas de place à Berlin, et cela vaut aussi pour les artistes », a dénoncé le maire de la capitale allemande, Kai Wegner, sur son compte X (ex-Twitter). « Ce qui s’est déroulé hier à la Berlinale a constitué une relativisation insupportable », a-t-il ajouté, en demandant des comptes à la direction du festival.

La polémique a été intensifiée, notamment par les déclarations de cinéastes lors de la cérémonie du palmarès samedi soir. Ils ont accusé Israël de génocide en raison des bombardements à Gaza, causant près de 30 000 décès, principalement des civils selon le ministère de la Santé du Hamas. Cependant, ces metteurs en scène n’ont pas mentionné que l’offensive israélienne a été déclenchée en réponse à une attaque sans précédent menée en Israël le 7 octobre dernier par le Hamas, entraînant la mort d’au moins 1 160 personnes, principalement des civils. Un exemple est le cinéaste états-unien Ben Russel, qui a accusé Israël de génocide lors de son intervention à la tribune, portant un foulard palestinien.

L’auteur de documentaires palestinien, Basel Adra, qui s’est vu décerner un prix pour un film sur les expulsions de Palestiniens en Cisjordanie occupée, a aussi accusé Israël de « massacrer » la population palestinienne et a critiqué les ventes d’armes allemandes à Israël. Leurs prises de position ont été applaudies par l’assistance dans la salle. Un responsable du parti social-démocrate du chancelier allemand Olaf Scholz, Helge Lindh, a qualifié de « choquant » les applaudissements du public samedi. « J’ai honte de voir que dans mon pays des gens aujourd’hui applaudissent des accusations de génocide contre Israël », a-t-elle déclaré au quotidien « Die Welt ». Un responsable des Verts, qui sont membres du gouvernement de coalition allemand, Konstantin von Notz, a lui aussi dénoncé « une honte » et « un renversement perfide » pour les Juifs « du statut de victimes en bourreaux ».

Le festival de cinéma de Berlin est principalement financé par l’Etat allemand, qui a placé la défense de l’Etat d’Israël et de la lutte contre l’antisémitisme parmi ses grandes priorités. Selon le quotidien « Die Welt », un compte Instagram du festival de cinéma, « Berlinale.panorama » a en outre diffusé des photos et images controversées portant le slogan « Free Palestine from the River to the Sea » (Libérez la Palestine du fleuve Jourdain jusqu’à la Mer Méditerranée – signifiant que l’Etat d’Israël ne doit plus exister – ndlr ) ou « Stop au génocide à Gaza ». Les clichés ont été retirés peu après leur publication du compte officiel.

La direction de la Berlinale n’avait pas officiellement réagi aux différentes polémiques dimanche soir mais elle a indiqué au quotidien « Die Welt » que les déclarations des cinéastes lors de la cérémonie du palmarès étaient « des prises de position individuelles et indépendantes » du festival. La Berlinale est « explicitement contre la discrimination et toutes formes de haine » mais dans le même temps juge important que « l’expression libre d’opinions » puisse exister « dans les limites de la loi », a-t-elle ajouté.

Didier Maréchal

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