Par référendum, les Suisses refusent la retraite à 66 ans et s’octroient un 13e mois de pension

Avec un taux élevé de participation de 60%, les Suisses se sont prononcés sur l’épineuse question des retraites.

Selon des projections des médias suisses, 75 % de la population s’est opposée, ce dimanche 3 mars, à un relèvement progressif de l’âge de départ à la retraite. Cependant, ils ont exprimé leur soutien à l’introduction d’un 13e mois de pension.

Les Suisses font face à une réforme des retraites, avec une population vieillissante confrontée à une augmentation du coût de la vie. Ce dimanche, le pays a voté sur deux propositions cruciales pour les retraités : l’introduction d’un 13e mois de pension et le relèvement de l’âge de départ. Selon des projections des médias suisses « Le Temps » et la « RTS, » 75 % des Suisses ont rejeté la proposition de relever progressivement l’âge de départ à la retraite de 65 à 66 ans. En revanche, 58 % ont soutenu l’idée d’un treizième mois de pension, cette initiative étant également acceptée dans la plupart des cantons, condition nécessaire à son adoption.

Les pensions mensuelles de la sécurité sociale suisse sont plafonnées à 2 450 francs suisses (2 570 euros) pour une personne seule et à 3 675 francs pour un couple marié, dans un pays régulièrement classé parmi les plus chers du monde. En ville, le loyer d’un appartement de trois pièces s’élève à au moins à 3 000 francs (3 150 euros). Un café coûte plus de cinq francs. Si les Suisses donnent leur feu vert à ce changement, ils ne seront pas les premiers en Europe : le Liechtenstein voisin, autre pays cher qui utilise le franc suisse, a mis en place un système similaire il y a plusieurs années.

« Il y a, comme partout, une crise de pouvoir d’achat en Suisse. Le niveau de vie des retraités s’érode », explique Pierre-Yves Maillard, président de la Fédération syndicale suisse (SGB) qui a milité pour le « oui ». Jakob Hauri, un retraité cité par la campagne du « oui », est du même avis : « Le coût de la vie monte en flèche », et la caisse de retraite, « censée garantir le minimum vital, ne suit pas ». Les partis de gauche soutenaient l’initiative, mais elle était farouchement combattue par les partis de droite et centristes. Le gouvernement et le Parlement s’y opposaient également.

Le gouvernement avait affirmé que l’augmentation proposée coûterait plus de quatre milliards de francs suisses par an, avertissant qu’elle nécessiterait des augmentations d’impôts et pourrait menacer la stabilité financière du système de sécurité sociale. Il avait également estimé que le changement proposé, pour tous les retraités quelle que soit leur situation financière, n’apporterait qu’un bénéfice social limité. «Si l’initiative est adoptée, de nombreux retraités recevront un 13e versement de sécurité sociale même s’ils n’en ont pas vraiment besoin », avaient avancé les autorités fédérales.

L’UDC, la droite radicale et premier parti du pays, avait prévenu que cette initiative « irresponsable » permettrait aux pique-assiette d’épuiser le système. Ce parti a fait campagne pour le « non » à l’aide de publicités, dont une montrant des billets de 100 francs aspirés dans une bouche d’égout.

Une majorité des 26 cantons

Des arguments qui ont porté leurs fruits : dans le dernier sondage réalisé par gfs.bern pour la chaîne publique SSR, 53 % des personnes interrogées avaient déclaré soutenir l’initiative, tandis que 43 % s’y étaient opposées, alors qu’un mois plus tôt 61 % des sondés y étaient favorables. Pour être validée, l’initiative doit non seulement remporter le vote populaire mais aussi une majorité dans au moins la moitié des 26 cantons de la Suisse.

Les électeurs étaient également amenés à se prononcer sur une proposition de la branche jeunesse du Parti libéral visant à augmenter progressivement l’âge de la retraite de 65 à 66 ans au cours de la prochaine décennie, dans le but d’assurer la pérennité du financement du système de retraite. Ce vote survient moins de deux ans après que les électeurs suisses aient décidé, de justesse, de porter l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, alignant ainsi leur retraite sur celle des hommes. La plupart des gens votent par anticipation lors des votations régulièrement organisées dans le pays.

Didier Maréchal

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