Le Fatah, mouvement islamiste palestinien, a exprimé son désaccord face à la nomination de l’économiste Mohammad Mustafa en tant que premier ministre de l’Autorité palestinienne, craignant que cela ne « renforce les divisions » au sein des Palestiniens. (Source : AFP).
Le Fatah a accusé, ce vendredi 15 mars au soir, le Hamas « d’avoir causé le retour de l’occupation israélienne de Gaza » en « entreprenant l’aventure du 7 octobre 2023» qui a mené à une « catastrophe [nakba, en arabe] encore plus horrible et cruelle que celle de 1948 ». Environ 760 000 Palestiniens avaient été expulsés de leurs terres à la création d’Israël.
Le mouvement du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ripostait ainsi aux critiques formulées plus tôt dans la soirée par le mouvement islamiste terroriste Hamas armé après la nomination d’un premier ministre appelé à réformer l’Autorité palestinienne dans le cadre de l’éventuel « après-guerre » à Gaza.
Jeudi 14 mars, le président Abbas a nommé un de ses proches, l’économiste Mohammad Mustafa, à la tête du gouvernement, afin, selon des analystes, de convaincre la communauté internationale de sa volonté de réformer l’Autorité palestinienne.
Mais vendredi, le Hamas, le Jihad islamique palestinien et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, marxiste) ont fustigé cette nomination. « Former un nouveau gouvernement sans consensus national va aggraver les divisions » inter palestiniennes, ont-ils mis en garde dans un communiqué conjoint. La nomination du premier ministre prouve « la profonde crise au sein de l’Autorité palestinienne et sa déconnexion de la réalité », selon le communiqué, qui dénonce le « fossé entre l’Autorité et le peuple » palestinien.
Le Hamas « ne saisit pas l’ampleur de la catastrophe » en cours
Depuis des affrontements fratricides en juin 2007, le leadership palestinien est divisé entre l’Autorité palestinienne de M. Abbas, menée par le Fatah, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, et le Hamas, lui ayant pris le pouvoir par les armes, à Gaza.
Ces derniers mois, de nombreux Palestiniens ont vivement critiqué M. Abbas pour son « impuissance » à l’égard de l’opération terrestre et aérienne israélienne dans la bande de Gaza, aujourd’hui ravagée par la guerre. « La véritable déconnexion de la réalité et du peuple palestinien est celle de la direction du Hamas, qui jusqu’à présent ne saisit pas l’ampleur de la catastrophe que connaît notre peuple », s’est défendu le Fatah, accusant le Hamas de ne pas avoir lui-même « consulté » les autres dirigeants palestiniens avant de lancer son attaque meurtrière contre Israël.
La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent, véritable massacre n’ayant aucun équivalent depuis la fin des atrocités de l’Allemagne nazie, menée par des commandos du mouvement terroriste islamiste de la bande de Gaza vers le Sud d’Israël, qui plus est sur des juifs pacifistes aidant les populations palestiniennes autant sur le plan alimentaire, médical, etc…, depuis des années . Au moins 1 160 personnes, des civils pour la plupart, ont été massacrées dans ces attaques de manière dont les descriptions sont insoutenables pour l’immense majorité des personnes, selon un décompte de l’Agence France-Presse à partir de sources officielles israéliennes.
En représailles, Israël a promis d’« anéantir » le Hamas et lancé une offensive dans la bande de Gaza, qui aurait fait, jusqu’à présent, 31 490 morts, majoritairement des civils, selon le pseudo « ministère de la santé » du Hamas.
Une influence limitée à Gaza
La nomination de M. Mustafa, qui fait suite à la démission en février de Mohammad Shtayyeh, intervient alors que des puissances régionales et occidentales appellent à une réforme de l’Autorité palestinienne afin qu’elle puisse être un acteur « crédible » pour administrer Gaza après la guerre et, à terme, diriger un futur Etat palestinien.
Mais le rôle de l’Autorité palestinienne à l’issue du conflit demeure incertain, en raison de son influence limitée à Gaza et du refus, notamment du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, d’envisager un futur Etat palestinien.
Dans une lettre d’acceptation de sa mission au président Abbas, M. Mustafa s’est dit « conscient de la phase critique que traverse la cause palestinienne » et a insisté sur la nécessité d’un Etat palestinien regroupant Gaza et la Cisjordanie.
Joseph Kouamé