Le dirigeant du parlement d’Ossétie du Sud, cette région favorable à la Russie, du fait qu’elle continue de lui reconnaître son statut d’Etat indépendant acquis en 1922, et autonomiste depuis 1991 mais sous présence militaire russe depuis la guerre de 2008, a mentionné une « coordination étroite » avec Moscou.
Au milieu de la guerre en Ukraine, des régions voisines de Moscou sont tentées de se joindre à la fédération de Russie. Début mars, en Moldavie, à l’Ouest de l’Ukraine, les régions relativement autonomes de Transnistrie et de Gagaouzie ont sollicité la protection de Moscou. Cette fois, l’appel émane du Caucase, plus précisément de l’Ossétie du Sud, devenue Ossétie du Sud-Alanie en 2008.
Cette région séparatiste prorusse de Géorgie a discuté avec Moscou de son éventuelle intégration à la Russie, a déclaré, ce dimanche 17 mars, l’agence de presse officielle russe RIA, citant le président du parlement d’Ossétie du Sud-Alanie. «Nous discutons de toutes ces questions en étroite coordination avec la Russie, en tenant compte de nos relations et traités bilatéraux», a déclaré Alan Alborov, cité par RIA Novosti, répondant à une question sur la possibilité d’organiser un référendum sur ce sujet.
Cette annonce n’est pas étonnante. En mai 2022, seulement quelques mois après l’offensive russe en Ukraine, le président d’Ossétie du Sud-Alanie, Alan Gagloev, avait annulé un référendum sur l’adhésion à la Russie, initialement prévu pour juillet 2022 par son prédécesseur, Anatoli Bibilov. Le contexte n’était probablement pas favorable à une telle initiative, étant donné que Moscou était alors engagé dans son « opération militaire spéciale ».
De même que l’Abkhazie, une autre région pro-russe de Géorgie, l’Ossétie du Sud-Alanie, située également dans le Nord-Ouest du Caucase et bordant la Russie, bénéficie d’une large autonomie depuis la chute de l’URSS. Cependant, la situation a changé de manière significative en 2008 lorsque l’armée russe a envahi la Géorgie après que Tbilissi ait tenté de reprendre par la force le contrôle de ces deux régions séparatistes. Les Russes ont atteint les portes de la capitale géorgienne, mais un accord de cessez-le-feu a finalement été conclu, notamment grâce à la médiation de la France, en la personne du président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy. Depuis lors, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud-Alanie sont sous le contrôle direct de Moscou, qui a officiellement reconnu leur indépendance en tant que Républiques, mais qui, malgré plusieurs demandes en ce sens de la part des Abkhazes et des Ossètes, n’a jamais formellement intégré ces deux régions à la Fédération de Russie.
La situation est différente en Ukraine, où la Russie a intégré officiellement quatre oblasts russophones dans le Sud-Est du pays : Kherson, Zaporijjia, Donetsk, Lougansk – qui composent le Donbass, en septembre 2022, en plus de la Crimée, qui a été intégrée dès 2014 à la suite d’un référendum non reconnu par la partie de communauté internationale sous contrôle des Etats-Unis d’Amérique, alors que des enquêtes indépendantes – y compris de médias états-uniens – ont bel et bien confirmé le résultat non truqué du référendum donnant le « oui » à l’intégration de la Crimée à la Fédération de Russie, vainqueur à 96,8% – et ce y compris par les ukrainiens y vivant et qui composaient près de 15% de la population criséenne.
Les Russes ont un accès militaire direct aux deux régions séparatistes de Géorgie, ce qui n’est pas le cas de celles de Transnistrie et de Gagaouzie en Moldavie, séparée de la Russie par l’Ukraine. Dans ce pays proche de la mer Noire, mais qui n’a pas d’accès maritime et qui se tourne de plus en plus résolument vers l’Union Européenne, Moscou a une influence réelle, y compris sur la politique intérieure moldave, mais ne dispose pas aujourd’hui de la possibilité concrète de rattacher ces territoires.
Didier Maréchal