Mali : la période de transition officiellement terminée mais la junte militaire reste en place

La durée de 24 mois fixée par les autorités de la transition le 6 juin 2022 a expirée le 26 mars 2024.

Au Mali, le 26 mars est synonyme de la chute de la dictature militaire du Général Moussa Traoré en 1991. Trente-trois ans plus tard, cette date marque officiellement la fin de la période de transition entamée avec le coup d’État militaire d’août 2020. Ironiquement, malgré les engagements pris par les autorités maliennes actuelles de transition, celles-ci demeurent en réalité en poste et semblent déterminées à conserver le pouvoir.

Le décret présidentiel émis par le colonel Assimi Goïta il y a deux ans, le 6 juin 2022, prolongeait la période de transition à 24 mois, à partir du 26 mars 2022. Cependant, cet engagement n’a pas été honoré, et l’élection présidentielle prévue le mois dernier a été reportée. Lors de l’annonce il y a six mois, Bamako évoquait un « léger report », mais jusqu’à présent, aucune nouvelle date n’a été fixée.

Les négociations sur la durée de la transition ont été ardues avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cependant, depuis lors, le Mali s’est retiré de l’organisation régionale et aucune déclaration concrète récente n’a été faite par Bamako concernant la tenue des élections. En fait, il semble que plus personne ne s’attende vraiment à ce que cela se produise à court terme.

Les opposants qui souhaitent un retour à l’ordre constitutionnel démocratique, perçoivent cette situation comme une prise d’otages du pays par les colonels au pouvoir depuis maintenant près de quatre ans.

Plusieurs partis politiques maliens ont exprimé leur mécontentement ce mercredi 27 mars face au silence des « autorités de la Transition » concernant le calendrier électoral. Parmi eux figurent le « Parti Africain pour la Solidarité et la Justice » (PASJ), le « Rassemblement pour le Mali » (RPM), le PARENA (Parti pour la Renaissance Nationale), le « Parti pour le Développement Economique et la Solidarité » (PDES), le « Yelema » (Changement) et le Mouvement du 5 Juin Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP Mali-Kura).

Les partis « Adema », « PASJ » et le « PARENA » ont appelé les autorités à établir de manière consensuelle un calendrier pour le retour à l’ordre constitutionnel à travers des élections libres, transparentes et crédibles. Ils ont également exhorté les autorités à créer un climat de confiance et d’unité autour du Mali et de ses forces de défense et de sécurité, à libérer les prisonniers d’opinion et à permettre le retour des exilés politiques.

De son côté, le « Parti pour le Développement Economique et la Solidarité » (PDES) a exprimé de vives inquiétudes et un manque de clarté concernant la trajectoire de la transition, et a appelé les autorités à sortir du silence et à œuvrer pour un retour à l’ordre constitutionnel normal.

Le « Rassemblement Pour le Mali » (RPM) a demandé au Président de la Transition d’instaurer d’urgence un nouveau mécanisme de transition pour un retour à l’ordre constitutionnel dans un délai de six mois.

Le » M5 RPF Mali-Kura » et « YELEMA » ont souligné que c’est la deuxième fois que le président de la transition et son gouvernement ne respectent pas leur engagement concernant l’organisation d’élections crédibles pour mettre fin à la transition. Ils ont également appelé « le peuple à s’unir pour défendre les principes de la démocratie et de la bonne gouvernance, qui sont essentiels pour un Mali progressiste et juste ».

Joseph Kouamé

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