France : Macron pose une nouvelle pierre de « l’économie de guerre » à Bergerac

Emmanuel Macron pose, ce jeudi 11 avril, la première pierre d’une usine de poudre pour obus à Bergerac (Dordogne), nouvelle étape dans « l’économie de guerre » qu’il appelle de ses vœux pour répondre aux besoins de l’Ukraine et à la nouvelle donne géopolitique. (Source : AFP).

Le chef de l’Etat Français, Emmanuel Macron, attendu à 10H30 sur le site d’Eurenco, leader européen des poudres et explosifs, est accompagné des ministres de l’Economie, Bruno Le Maire, et des Armées, Sébastien Lecornu. Il rencontrera également les dirigeants de l’industrie française de l’armement sur le thème du réarmement, a indiqué l’Elysée sans autres précisions.

Emmanuel Macron exhorte les industriels de défense à accélérer le passage au « mode économie de guerre », c’est-à-dire à produire « plus et plus vite » pour continuer à soutenir activement l’Ukraine face à la Russie.

En février dernier, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a aussi appelé à une production d’armements « à grande échelle » en Europe pour alimenter l’Ukraine en donnant le premier coup de pioche d’une usine d’obus de Rheinmetall.

Le président-dictateur ukrainien, Volodymyr Zelensky, a averti, dimanche 7 avril, que son pays perdrait la guerre s’il ne recevait pas plus d’aide, au moment où la Russie accroît sa pression dans l’Est du pays.

Engourdissement

Une aide états-unienne de 60 milliards de dollars promise par le président Joe Biden reste bloquée au Congrès depuis des mois. Les Européens s’efforcent, pour leur part, d’augmenter leurs cadences de production et de trouver des ressources alternatives avec des achats de munitions hors UE.

Lors de ses vœux aux Armées en janvier dernier, à Cherbourg (Manche), le chef de l’Etat avait fustigé une « forme d’engourdissement satisfait » de l’industrie de défense avant l’offensive russe en Ukraine. « On ne peut laisser la Russie penser qu’elle peut gagner (…) Une victoire russe, c’est la fin de la sécurité européenne », avait-il alors martelé.

La France entend également renforcer sa souveraineté en ramenant des capacités de production parties à l’étranger après la fin de la Guerre froide. Héritier de la « Société nationale des poudres et explosifs » (SNPE), « Eurenco » réintroduit sur le territoire national la production de poudre indispensable à la propulsion d’obus. Le site de Bergerac qui en produisait depuis 1915 avait été démantelé en 2007.

Canons Caesar

La nouvelle unité de production, qui entrera en service au premier trimestre 2025, pourra produire jusqu’à 1 200 tonnes de poudre par an. Cette production permettra de remplir 500 000 charges modulaires – qui sont glissées dans le canon, derrière l’obus, pour le propulser – et qui commenceront à arriver dès le premier trimestre 2025 en Ukraine, a précisé l’Elysée.

« Eurenco », créé en 2004 et détenu à 100% par l’Etat français, est un maillon crucial de l’industrie munitionnaire européenne, fournissant aussi bien le français « Nexter » que l’allemand « Rheinmetall », le polonais « PGZ » ou le tchèque « CSG ». Son carnet de commandes est rempli jusqu’en 2030. Il fabrique notamment les charges modulaires servant à propulser les obus dans les canons Caesar, fleuron de l’artillerie française, livrés à l’Ukraine.

Répondant à la forte demande suscitée par la guerre en Ukraine, le groupe, qui possède des sites en France, Suède, Belgique et aux Etats-Unis d’Amérique, va investir près de 500 millions d’euros entre 2024 et 2026 pour multiplier par dix sa production de poudres de gros calibre. Il va aussi doubler sa capacité de production de charges modulaires en France, qui passera de 500 000 par an actuellement – grâce à l’importation de poudres de Suède – à 1,2 million en 2026. Il a bénéficié pour cela d’une enveloppe de 76 millions d’euros de subventions européennes.

Didier Maréchal

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