Biodiversité – Cambodge : les chercheurs ont été surpris après avoir découvert plusieurs centaines d’espèces dans la mangrove

C’est l’une des études en matière de biodiversité les plus complètes parmi toutes celles réalisées dans une forêt de mangrove qui ai été faite au Cambodge, et dont les résultats ont été dévoilés. (Source : « The Guardian »).

Lorsqu’on aborde les « points chauds de la biodiversité », l’Amazonie ou les forêts tropicales viennent souvent à l’esprit. Cependant, il existe un autre lieu où la diversité des espèces est remarquable : les mangroves. Une étude réalisée dans le sanctuaire de Peam Krasop et la réserve de Koh Kapik, situés dans le Sud du Cambodge, a mis en lumière une diversité particulièrement impressionnante d’espèces végétales et animales.

Cette étude sur le terrain, financée par le groupe de conservation « Faune & Flore Internationale », visait à recenser les différentes espèces peuplant la région. Parmi les habitants de la mangrove, les chercheurs ont repéré des macaques à longue queue, des loutres à pelage lisse, des chauves-souris, des poissons et toute une variété d’invertébrés.

De quoi surprendre les biologistes, qui ne s’attendaient pas à une telle diversité. « Nous avons trouvé 700 espèces différentes dans ces forêts de mangrove, mais nous pensons que nous n’avons même pas effleuré la surface, a déclaré au journal britannique « The Guardian » Stefanie Rog, responsable de l’équipe d’enquête, dont le rapport a été publié ce dimanche14 avril. Si nous pouvions examiner la zone encore plus en profondeur, nous en trouverions 10 fois plus, j’en suis sûre. »

Des espèces rares

Pour observer ces animaux, les chercheurs ont utilisé des pièges photographiques. 57 ont été installés entre 2022 et 2023, ce qui a permis d’observer la faune et la flore durant la saison sèche et la saison des moussons. Cette technique a permis d’observer des espèces rares comme le chat pêcheur (Prionailurus viverrinus), un animal légèrement plus grand que le chat domestique, au corps trapu et qui est totalement adapté au milieu aquatique avec ses pattes antérieures partiellement palmées.

Même constat pour la loutre à nez poilu (Lutra sumatrana), qui a été aperçue sur certains clichés pris par des pièges posés dans des zones particulièrement anciennes de la forêt de mangrove. Il s’agit de la loutre la plus rare d’Asie. Et ce n’est pas le seul animal menacé d’extinction ayant été observé.

Il y avait aussi le pangolin javanais (Manis javanica), en danger critique d’extinction. Vivant dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est dont le Vietnam et le Cambodge, il a probablement disparu au Myanmar (Birmanie) et en Thaïlande. Pour ce qui est des oiseaux, sur les 150 espèces observées, 15 sont répertoriées comme quasi menacées ou en voie d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Les mangroves, protectrices de l’environnement

Si certains de ces animaux sont menacés, c’est bien souvent car leur habitat est en danger. Pour les mangroves, c’est un vrai cercle vicieux. «Une forêt de mangrove repose sur toutes les relations interconnectées entre les espèces et si vous commencez à éliminer certaines de ces espèces, vous perdrez peu à peu le fonctionnement de la forêt », analyse Stefanie Rog auprès du « Guardian ».

Les mangroves représentent des zones où des bandes de terre boisées se rejoignent à la côte, et elles revêtent une importance cruciale pour plusieurs raisons. Comme le met en évidence cette étude, elles constituent des réservoirs de biodiversité. Leurs eaux servent par exemple de nurseries pour plusieurs espèces de poissons. « Nous avons trouvé de jeunes barracudas, vivaneaux et mérous dans les eaux ici », a déclaré Stefanie Rog au « Guardian ».

Les mangroves sont clairement des sites de reproduction importants pour les poissons et fournissent de la nourriture aux communautés locales. En plus de servir de refuge pour certaines espèces, les arbres de mangrove, adaptés pour pousser dans des eaux salées ou saumâtres, constituent une barrière naturelle efficace contre l’érosion des littoraux. Leur rôle dans la réduction des dégâts causés par les raz-de-marée et les tempêtes est également crucial. Malheureusement, au cours des dernières décennies, la planète a perdu environ 40 % de ses mangroves, souvent détruites pour faire place à l’agriculture ou, bien plus grave et bien pire, à la construction de stations balnéaires.

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